« Depuis quelque temps, il y a des exploitations agricoles qui sont à vendre, mais qui ne se transmettent pas forcément. En parallèle, des jeunes sont à la recherche de ferme, et n’en trouvent pas, car ces porteurs de projets n’ont pas besoin de 50 ou de 80 ha, mais des structures plus petites », introduit Julien Tallec, porte-parole de l’UDSEA Confédération paysanne du Finistère. Le foncier reste un point central pour faire aboutir un projet, investir dans la terre peut être parfois financièrement compliqué. Pour aider les futurs agriculteurs, le portage de foncier peut être une solution intéressante. Une option choisie par Léo Parrel et Barbara Giorgis, pour s’installer à Plouézoc’h.
Nous avons pu nous concentrer sur notre projet
Décaler l’investissement
Après avoir consulté le répertoire départ/installation, le couple trouve un site entre Morlaix et Lannion, pour concrétiser l’idée d’un Gaec en mouton et porc plein air. « Nous avons rencontré le cédant, très favorable à notre projet », se souvient Léo Parrel. Le site couvre 50 ha, dont une partie des champs est en location. Certains propriétaires ont alors décidé de ne plus louer mais de vendre les terres, « ce qui a posé la question de la viabilité de l’installation ». En utilisant la solution de portage de foncier, la Safer a acheté les terres, en partenariat avec la banque. « C’est une solution de différé de propriété, le contrat dure 5 ans, il est renouvelable une fois », résume Catherine Donval, de la Safer. Un contrat d’occupation provisoire et précaire (COPP) est établi, une redevance estimée à 180 €/ha est payé chaque année par le Gaec au titre de loyer. À l’issue des 5 ans, les agriculteurs « achètent le foncier à un prix fixé dès le départ, auxquels s’ajoutent des frais d’acquisition et des intérêts d’emprunt ; le montant des redevances de la COPP est déduit ». Ce dispositif « est confortable, nous avons pu nous concentrer sur notre projet », apprécie Léo Parrel. De son côté, Catherine Donval fait observer que « quand on s’installe, on a besoin d’investir ailleurs que dans le foncier. Le portage permet de décaler ces investissements ». Sur le département, le dispositif est encore peu utilisé : 9 cas ont été recensés depuis 2018.
Convaincre que la ferme est transmissible
Installés depuis 2019, Léo Parrel et Barbara Giorgis ont choisi 3 races de cochon pour leur activité : Bayeux, Mangalitza et Duroc. La ferme accueillait auparavant un troupeau de vaches allaitantes, « avec très peu, nous l’avons adapté à notre système. Le cédant pensait que l’outil ne valait rien ; il faut savoir convaincre, les fermes sont transmissibles », estime le Finistérien.