Dossier technique

Les notations prennent de la hauteur

Le semencier Pioneer utilise des drones depuis 2015. Cette technologie joue un rôle central dans la sélection des variétés de maïs.

19088.hr light - Illustration Les notations prennent de la hauteur
Le drone permet de décupler le nombre de données collectées et leur précision.

Chez Pioneer, filiale semences de Corteva, le drone est utilisé en interne depuis près de 10 ans. L’entreprise s’en sert surtout pour la recherche et le développement, pour la production de semences ainsi que pour le suivi de parcelles chez les agriculteurs. « En R&D, notre objectif est de générer de la donnée », explique Philippe Chevrete, télépilote chez le semencier. « Le drone fait maintenant partie intégrante de notre process de sélection des hybrides ». En fait, l’aéronef remplace aujourd’hui quasiment l’entièreté des notations manuelles réalisées dans les microparcelles de maïs. « Pour noter 5 ha, nous passions la journée dans le champ à 5 ou 6 personnes. Maintenant, nous mettons environ 1 heure à deux », raconte le technicien. Un gain de temps énorme donc, mais également une augmentation conséquente des données collectées et de leur précision.

« L’œil » informatique n’est pas faillible

Pour chaque parcelle, quatre vols sont effectués à des stades clé du cycle du maïs. « Après la levée, nous comptons le nombre de plantes et également les éventuels trous dans le rang », déclare Thomas Mongin, en charge de l’analyse des données. « Ensuite, nous observons le recouvrement du rang, la hauteur de la plante, sa précocité ou encore sa faculté à rester verte longtemps ». Contrairement à des notations humaines, un seul vol permet aujourd’hui de collecter de nombreux critères : couleur, surface foliaire, port de la plante, topographie de la parcelle. Après l’acquisition des images aériennes, celles-ci sont compilées et analysées par un algorithme. Les données générées sont enfin vérifiées et traitées par le semencier. « Les notations sont désormais mathématiques et non plus soumises au biais de l’œil humain », affirme Thomas Mongin. Une observation visuelle est cependant toujours effectuée par les sélectionneurs en fin de cycle pour apprécier l’aspect général de la plante.

C’est un nouveau métier

La technologie avance vite

Le drone est une technologie récente et dont l’évolution est exponentielle. Chaque année, du nouveau matériel et des nouveaux modèles de calcul voient le jour. Demain, les aéronefs embarqueront des capteurs encore plus précis, décuplant ainsi leurs capacités. « Un capteur multispectral peut par exemple nous fournir des informations sur l’absorption de l’azote », précise Philippe Chevrete. « Un Lidar permet quant à lui de voir à l’intérieur des rangs à un stade avancé ». La technologie n’est pas non plus sans inconvénients. 

Dépendants de la météo

Les opérateurs sont maintenant bien plus dépendants de la météo qu’avant. En effet, le drone ne peut pas voler sous la pluie ou par jour de grand vent. Certains indicateurs, comme les perturbations magnétiques générées par les éruptions solaires, sont également à prendre en compte. En outre, après la levée du maïs, le laps de temps pour survoler toutes les parcelles est plus court. Toutes les images doivent être au même stade pour ne pas biaiser les analyses. Enfin, le poids de toutes les images stockées nécessite un équipement informatique performant. « C’est un nouveau métier », conclut Philippe Chevrete. « Cela demande de nouvelles compétences et une nouvelle organisation »

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Une heure de vol suffit à survoler 5 ha.

Réglementation et formation sont indispensables

Pour faire voler un drone, la réglementation est très importante. Le pilote est en effet soumis aux lois françaises et européennes. Chez Corteva-Pioneer, une réglementation interne a été mise en place. « Tous les ans, nous avons un suivi de formation de 3 jours », expliquent Thomas Mongin et Philippe Chevrete. « Nous avons également l’obligation de voler 30 minutes par mois pour ne pas perdre la main, en hiver notamment ». Enfin, avant chaque vol, l’opérateur doit vérifier les éventuelles restrictions liées, par exemple, à des lignes haute tension ou à des zones interdites.


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