Des bruits dans les campagnes parlent d’agriculteurs qui quittent le mode de production bio. Que disent les chiffres ? Contrairement à ce qui peut se dire, il y a peu de décertifications. D’une part parce que nos systèmes sont autonomes, faibles consommateurs d’intrants, et donc résilients et moins impactés par la flambée des prix que vit le monde agricole sur l’énergie, le carburant, l’aliment, le matériel… La bio est plutôt une solution contre l’inflation. D’autre part parce que les gens qui se sont lancés en bio y trouvent du sens et déclarent, pour la plupart, être incapables de faire marche arrière. En 2022, la Bretagne a compté 316 nouvelles fermes bio – 78 % d’installations, 21 % de conversions – contre 166 arrêts de certification qui comprennent à la fois les arrêts d’un atelier sur une ferme, les départs en retraite et les décertifications… Dans les Côtes d’Armor, c’est 81 fermes bio de plus en 2022 pour atteindre 1 051 au total contre 57 arrêts de certification parmi lesquels les départs en retraite pèsent pour une bonne part. Pour autant, certaines filières sont en difficulté… Effectivement, aujourd’hui, 30 à 40 % du lait bio collecté en France est déclassé vers le circuit conventionnel. Les laiteries n’acceptent plus de nouveaux producteurs, certaines veulent même accompagner l’arrêt du bio… En porc, où les conversions sont beaucoup plus compliquées à mener, la filière qui partait de rien du tout peine à se structurer. Nous avons par exemple besoin que les distributeurs jouent le jeu de la visibilité du porc bio dans les rayons. De même, les céréales bio se vendent mal et sont stockées ou déclassées : d’importatrice, la France est devenue exportatrice. C’est décourageant de produire selon un cahier des charges strict et exigeant et de constater que tous ces engagements ne sont pas reconnus. Voir le…
Malgré les difficultés, la bio attire toujours
En amont de l’assemblée générale du Gab d’Armor, les membres du conseil d’administration de l’association ont tenu à faire le point, sans fard, sur la situation actuelle de l’agriculture biologique. Interview.