Fixer un prix plancher. Voilà une idée vraisemblablement morte avant d’avoir vécu. Ce n’est pas la première fois que, là-haut, on a des idées un peu baroques. En 2015, Stéphane Le Foll avait également sorti cette fantaisie de son chapeau pour le porc. On connaît la suite. Elle avait fait long feu. Le cochon de nos voisins européens avait déferlé sur la France, faisant tomber encore un peu plus bas le cours du MPB. Bref, l’effet inverse à celui escompté avait été obtenu. Mais visiblement tout le monde n’a pas encore compris que dans un marché ouvert la confrontation de l’offre et de la demande fait le prix. Un prix plancher ne peut fonctionner que dans un espace économique fermé. Et cette lubie est d’autant plus surprenante qu’en même temps le pays affiche des ambitions exportatrices pour son agriculture.
Ce n’est pas parce qu’il y a crise qu’il faut dire et faire n’importe quoi. Or c’est bien un sentiment de panique qui, depuis le début des manifestations, semble envahir les décideurs français et européens qui multiplient les déclarations désordonnées et souvent incohérentes entre elles. Les agriculteurs – et les autres – s’y perdant dans ce capharnaüm d’annonces dignes d’un marché aux enchères. Les agriculteurs qui manifestent un peu partout en Europe jouent de cette perte de sang-froid en haut-lieu à 3 mois des élections européennes.
Mais que restera-t-il de ce patchwork de mesures dans quelques mois, quelques années ? Sans doute pas grand-chose. Dans le contexte actuel, la priorité n’est en effet pas d’aligner des mesures de séduction mais bien de définir un plan à moyen-long terme pour une agriculture solide, capable d’assurer la souveraineté alimentaire européenne. Un plan avec un cap clair, adossé à une agriculture productive, rémunératrice, socialement respectueuse et environne-mentalement ambitieuse. Tout le reste n’est que pis-aller sans fond et sans avenir.
La priorité n’est pas d’aligner des mesures de séduction