« Vous intervenez essentiellement sur des projets de bâtiment agricole. Quel est le rôle du conseiller bâtiment ?«
L’accompagnement des éleveurs va généralement de la réflexion sur la conception jusqu’au dépôt de permis de construire. Cela passe par des étapes préliminaires essentielles comme l’étude du règlement d’urbanisme local, des règles sur l’environnement ou les Installation classées, des dispositifs de subvention, des distances des tiers… Il ne faut jamais imaginer un projet qui ne sera pas réalisable après pour des raisons réglementaires.
Je produis ensuite des plans sur des feuilles A0, à l’échelle 1/100e. Ce grand format est nécessaire pour que les clients puissent y voir clair et se projeter. À l’arrivée, les artisans apprécient ces documents détaillés qui sont presque des plans d’exécution. Pour avoir un ordre d’idée, en fonction de la dimension et de la complexité du projet, mon intervention coûte 5 000 à 6000 €.
Ce service clé en main peut aller jusqu’à l’animation de réunions de chantier avec tous les artisans pour planifier les interventions et éviter tout blocage, voire parfois jusqu’au suivi total des travaux.
Quelle est la première erreur à éviter dans une réflexion bâtiment neuf ?
Pour moi, l’implantation de l’édifice est primordiale pour commencer. L’orientation notamment doit être déterminée en tenant compte des vents dominants et de la course du soleil. En se servant d’outils en ligne comme la rose des vents, on cherche à profiter de la meilleure ventilation naturelle possible et éviter autant que possible d’avoir un jour besoin d‘installer des ventilateurs. Mais on essaie aussi de profiter, si possible, dans le bâtiment du soleil les jours de beau temps en hiver. L’implantation se réfléchit aussi par rapport à la circulation en évitant le croisement des circuits propres (camion laitier…) et sales (évacuation des déjections, accès au pâturage des vaches…).
Où peut-on faire des économies dans son projet ?
Lors de la construction d’un bâtiment, il faut maîtriser les coûts à chaque étape. Et cela démarre dès le terrassement : il vaut toujours mieux avoir recours à du déblai – moins coûteux – qu’à du remblai (l’enveloppe d’achat de pierres dans une carrière peut atteindre 50 000 € dans certains cas). De même, il faut toujours chercher à utiliser les chemins d’accès déjà existants car la création de nouvelles voies coûte très cher.
Il vaut toujours mieux avoir recours à du déblai qu’à du remblai.
À l’autre bout du projet, dans un monde où le prix de l’énergie ne devrait cesser de grimper, je recommande toujours d’installer des panneaux solaires en toiture. Pour l’autoconsommation et / ou la revente. Évidemment, cela représente un surcoût au départ mais ce choix paie la charpente sur 10 ou 12 ans.
En construisant un bâtiment aujourd’hui, il faut aussi penser à l’avenir…
Ces dernières années, de nombreux cheptels laitiers se sont agrandis. Des étables neuves ont vu le jour, d’autres ont été plutôt rénovées et rallongées pour accueillir davantage d’animaux. En cas de nouveau projet, il faut toujours garder à l’esprit qu’il doit être évolutif pour répondre aux opportunités dans le futur.
Quand je dessine un bâtiment pour un robot de traite par exemple, je prévois l’emplacement d’un 2e automate en termes d’aménagement intérieur. À l’extérieur, l’emplacement d’une fosse à lisier ne doit pas se faire au hasard : plutôt que de la coller au bâti, mieux vaut la déporter plus loin grâce à un canal à lisier pour garder l’espace disponible au rallongement de la stabulation.