Un piège ?

Edito - Illustration Un piège ?

Pour exister, il faut afficher des victoires. Victoires syndicales, victoires politiques. Qui ne brandit de trophée finit par impatienter ses troupes et voir déserter ses rangs. Et à cet égard, les manifestations agricoles tombent à pic à quelques mois des élections européennes (et des Chambres d’agriculture). 

La précipitation de l’exécutif communautaire à arrondir les contours environnementaux de la Pac s’inscrit pleinement dans le calendrier électoral des Européennes. La majorité présidentielle et la Commission présidée par Ursula van der Leyen font le pari que les agriculteurs leur seront reconnaissants des assouplissements apportés à la Pac. Et que leur sens civique du vote et une certaine droiture républicaine contribueront à faire barrage au populisme et à l’abstention. Voilà pour le court terme : des paysans contents et des démocrates confiants.

Sur le plus long terme, ce pari hasardeux pourrait avoir un goût amer. Faut-il rappeler en effet que le budget de la Pac 2023-2027 repose sur un fragile équilibre négocié entre pays dits frugaux et pays dispendieux. Lors des dernières négociations, les pays nord-européens avaient fini par consentir de maintenir le budget agricole de l’UE sous condition qu’un certain nombre de mesures environnementales soient mises en place. Ces mesures s’appellent jachères, maintien des prairies permanentes, couverture des sols, rotations plus complexes, etc. Or ce sont ces mesures qui sont aujourd’hui passées au tamis de la renégociation. Certes, on ne pas nier que certaines de ces mesures portent en elles le germe de quelques aberrations. Mais détricoter les mesures même qui ont permis de trouver un consensus s’avère périlleux et de courte vue. À n’en pas douter, les pays libéraux sauront le rappeler dès 2025 quand s’amorcera le premier round de négociation de la Pac 2028-2032.

Détricoter les mesures s’avère de courte vue


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