Face à la hausse de leur facture d’électricité, Guillaume et Stéphanie Vollard ont suivi une formation « panneaux solaires ». Un déclic : ils ont rapidement investi dans une centrale solaire thermique FengTech pour optimiser la production d’eau chaude sanitaire (ECS) sur leur élevage situé à Saint-Pierre-des-Landes (53). Inaugurée le 15 décembre 2022, l’installation se compose de deux chauffe-eau de 300 L pour 2,5 kW de puissance thermique chacun. Les deux unités sont montées en série. Le système est alimenté par de l’eau froide à 7,5 °C provenant du puits. Cette eau se réchauffe au fil de son avancée à travers les capteurs tubulaires avant d’être transférée vers les ballons des deux chauffe-eau électriques préexistants sur l’exploitation. En hiver, l’eau sort de la centrale solaire à 25-30 °C, ces chauffe-eau prennent alors le relais pour disposer d’une ECS à 70 °C. Mais aux beaux jours, l’eau chauffée au soleil approche souvent les 100 °C, elle est alors mitigée avec de l’eau du réseau avant de rejoindre les ballons.
Tank et chauffe-eau, gros consommateurs d’électricité
« L’installation a été dimensionnée aux besoins du Gaec qui livre 520 000 L de lait par an », explique Gilles Beaujean, de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. S’appuyant sur une étude de 2007 de l’Ademe, le chargé de mission énergie revient sur les repères de consommation électrique moyenne annuelle d’un bloc traite sur une ferme non robotisée : 190 kWh / VL pour le tank (ou 18 Wh ramené au litre de lait produit), 120 kWh pour le chauffe-eau (18 Wh/L), 68 kWh/VL pour la pompe à vide (10 Wh/L), 67 kWh/VL (10 Wh/L) pour l’ensemble éclairage, pompe à lait, nettoyage du sol et des parois, puits ou forage, préparation des buvées des veaux (poudre) et autres équipements… Il rappelle aussi les indicateurs de consommation d’eau chaude (source : Crocit Bretagne / GIEE Élevages de Bretagne) : 7 à 11 L par poste à chaque traite, 1 L par vache pour l’hygiène de traite (lavettes…) et 1,5 L par 100 L de capacité du tank à lait pour son lavage… Guillaume et Stéphanie Vollard traient en moyenne 72 vaches, deux fois par jour, dans une installation 2 x 6 postes. Leur tank a une capacité de 3 500 L. « Les besoins réels du Gaec en eau chaude sanitaire s’élèvent ainsi à 317 L par jour à 70 °C. »
Garder l’argent sur notre ferme
Près de 7 000 kWh économisés sur l’année
Chez eux, l’installation solaire thermique a représenté un investissement de 15 363 € auxquels s’ajoutent 1 238 € de travaux complémentaires (tranchée, dalle béton, peinture blanche). Avant la consommation d’électricité pour la production d’eau chaude sanitaire du bloc traite s’élevait à 10 393 kWh. Grâce au nouvel équipement, ce n’est plus qu’une consommation de 3 500 kWh, soit une économie de l’ordre de 65 %. « La rentabilité d’un projet dépend du coût d’investissement, de l’économie d’énergie réalisée et du prix de l’énergie qui varie », rappelle Gilles Beauhjean. Au Gaec, le temps de retour sur investissement du système FengTech, pour un prix de l’électricité autour de 0,20 € HT / kWh, est estimé à 12 ans (8 ans avec les aides ex-PCAEA).
Pour terminer, Guillaume Vollard note que la réflexion initiée sur l’énergie rejoint le travail mené au quotidien sur l’autonomie alimentaire grâce au pâturage ou la culture de méteils riches en protéines : « Nous essayons de dépendre le moins possible de l’extérieur. Avec des installations en 2005 et 2007, nos annuités d’emprunt commençaient à baisser. Ces investissements pour réaliser des économies d’électricité sont une autre manière de garder l’argent sur notre ferme. »
L’efficacité du pré-refroidisseur
En mai 2023, les éleveurs ont également installé, pour 8 122 €, un prérefroidisseur Charriau. « Un coût raisonnable par rapport à l’économie d’énergie permise », estime Stéphanie Vollard. Alors que le tank est le plus gros poste de consommation d’électricité sur l’élevage (estimée à 13 600 kWh par an pour 72 vaches), l’économie attendue est de 7 000 kWh pour un retour sur investissement sur 5 ou 6 ans. Dans le serpentin qui sert d’échangeur, l’eau circule au contact de la canalisation et récupère les calories du lait qui est rafraîchi. « Nous avons vu la différence dès la première traite : le lait arrivait auparavant dans le tank à 37 °C contre 22 °C aujourd’hui. Désormais, le tank a quasiment fini de travailler quand j’éteins la salle de traite, avant il tournait encore un bon moment… » Et les vaches sont ravies de récupérer une eau de boisson tiédie à la sortie du prérefroidisseur.