Conserver des fermes à capitaux familiaux

Derrière l’emblématique dossier IED, les responsables de la Coordination rurale des Côtes d’Armor s’inquiètent des difficultés de l’élevage à attirer des forces vives.

19658.hr - Illustration Conserver des fermes à capitaux familiaux
L’agronome Konrad Schreiber a été invité par Vincent Lambert, président de la CR 22, à partager sa vision de l’agriculture de demain.

Syndicalisme

Mardi 26 mars, la Coordination rurale des Côtes d’Armor tenait son assemblée générale à Plérin. « On est dans une situation géopolitique où on prend conscience que la souveraineté alimentaire, c’est important », posait d’entrée Christian Colas, trésorier. Pourtant, les syndicalistes ont dénoncé l’accumulation des bâtons mis encore aujourd’hui dans les roues du secteur. « Notre agriculture bretonne diffère de l’agro-industrie. Nos exploitations à capitaux familiaux ne sont pas des fermes-usines. Mais avec la directive IED, elles vont être considérées comme des industries et soumises à des normes plus lourdes », reprenait Vincent Lambert, président du syndicat. 

Une production laitière en déclin

Francis Prigent, membre du bureau, poursuivait : « Les laiteries savent qu’elles vont bientôt manquer de lait et les abattoirs d’animaux. » Derrière la « mondialisation » de la production laitière, l’arrêt des quotas et la contractualisation, l’éleveur fait le constat d’une filière « en déclin total » regrettant notamment une gestion des volumes « abandonnée » aux industriels. Aujourd’hui, l’éleveur croit en la création d’OP transversales inter-laiteries où « les producteurs géreraient les volumes » et qui « faciliteraient le changement de collecteur » le cas échéant. Même inquiétude pour la viande bovine : « Tous bovins confondus, l’EDE parle de 121 000 € de boucles en moins en Bretagne, soit un recul de 20 000 à 25 000 têtes en un an… Certains secteurs de la région ont les terrains et les bâtiments pour relancer de la vache allaitante si l’on accompagne financièrement le démarrage. » 

Le porc rémunère mais n’attire pas

Dans une économie de marché où la production baisse en France et dans d’autres pays européens, le prix du cochon est monté, précise Christian Colas, trésorier de la CR22. Corrélée à une baisse du coût de production liée au prix des céréales, aujourd’hui, la production porcine rémunère. « Elle rémunère mais n’attire pas beaucoup de candidats à la reprise. Astreintes, complications administratives, image du métier… Les jeunes s’en désintéressent. Et la nouvelle couche IED, pour limiter nos émissions, ne va rien arranger. L’histoire montre qu’à chaque nouvelle norme, des paysans jettent l’éponge… » Dans ce contexte, le Costarmoricain craint aussi que l’agriculture familiale glisse vers l’industrialisation « par manque de soldats pour relever le défi ». 

Le porc rémunère mais n’attire pas beaucoup de repreneurs.

La solution agriculture de conservation

« On va dans le mur… Plus l’agriculture est industrialisée, plus des arbres et des talus sont abattus et plus cette agriculture va vers les céréales et fabrique des déserts », a pointé Konrad Schreiber, ancien éleveur devenu agronome à l’Institut de l’agriculture durable (IAD). Pour stocker du carbone, lutter contre le réchauffement des surfaces, optimiser la ressource en eau, limiter l’usage des phytosanitaires et retrouver de la biodiversité, il a porté un message simple : « Arrêtez de travailler vos sols et couvrez-les ! »


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