Les parcelles les plus à risque sont les sols filtrants, celles concernées par une rotation avec peu d’apports de Produits résiduaires organiques (PRO). La campagne 2024 est atypique en raison de son extrême douceur, ce qui a pu potentiellement augmenter la minéralisation du soufre des matières organiques. Néanmoins, les cumuls de pluviométrie importants et continus depuis l’automne, et tout particulièrement sur les mois février et mars, ont favorisé la percolation de l’eau et des éléments mobiles dans l’eau comme l’azote ou encore le soufre.
40 kg de SO3/ha
Observer les feuilles du haut
On identifie la carence en observant des stries jaune-vert clair sur les jeunes feuilles en haut de la plante. Alors que pour les carences en azote, ce sont les vieilles feuilles (celles du bas) qui jaunissent en premier.
Les plantes en manque de soufre sont plus courtes et les tiges sont réduites dans les cas graves. À ne pas confondre avec des effets variétaux (variété avec des stries plus marquées sur les dernières feuilles) qui sont homogènes sur la parcelle.
Agir vite
Actuellement, les parcelles bretonnes sont en pleine montaison, en moyenne autour de 2 nœuds, avec des conditions poussantes en lien avec les excès thermiques et des biomasses importantes (hors cas de parcelles hydromorphes) amenant à des besoins importants de la plante en soufre. Les bonnes valorisations des apports d’azote avec une nutrition azotée correcte des cultures (valorisation des apports par les pluies récurrentes de mars) ont tendance à exacerber les symptômes de carence en soufre.
Une correction curative est possible jusqu’à 2 nœuds, au-delà la correction est partielle et non garantie. Les formes d’engrais en pulvérisation foliaire ou au sol sont équivalentes. Il convient d’être vigilant sur le calcul de la dose pour les produits exprimés en S et non en SO3 (1 kg SO3 = 0,4 kg S). Cibler un apport de 40 kg de SO3/ha avant 2 nœuds soit au sol ou en pulvérisation foliaire (solution de sulfate d’ammoniaque ou soufre élémentaire micronisé).
Un parallèle avec l’azote
Le soufre a un comportement similaire à celui de l’azote dans le sol : sensible au lessivage et dépendant de la minéralisation, les fournitures du sol sont étroitement liées au climat de l’automne et de l’hiver. La carence en soufre est le plus fréquemment rencontrée sur les sols sensibles au lessivage et à faible minéralisation. Les hivers pluvieux et les printemps froids renforcent ce risque. Les forts apports d’azote accentuent la carence.
Benjamin Collinnet, Élodie Quemener, Arvalis