Le lac au Duc, l’une des trois plus grandes réserves d’eau de Bretagne, est victime d’eutrophisation. Trop de matières actives assimilables par les plantes, notamment du phosphore, atteignent cet étang ce qui entraîne une prolifération de cyanobactéries. Certaines produisent des toxines qui peuvent s’avérer dangereuses pour les êtres vivants. Pas vraiment l’idéal pour le lac qui est aussi une aire de loisirs fréquentée. C’est pour limiter ce phénomène que des agriculteurs, dont les fermes sont situées en amont, sont incités à prendre des mesures anti-érosives.
Je préfère des mesures volontaires au règlementaire
Élargir les bandes enherbées
Yoann Guiboux, à la tête d’un élevage de 120 laitières, en Gaec avec son père, est l’un des deux premiers agriculteurs à s’engager dans la démarche. « Je vais élargir des bandes enherbées existantes pour mieux protéger le ruisseau qui s’écoule dans l’Yvel : de 10 mètres à 30 mètres de largeur. Je vais également implanter des haies ; 80 mètres cette année pour relier deux haies existantes et protéger une zone humide en contrebas ». Au total, 2,7 ha sont ainsi protégés. Cette surface permet de faire passer 18,5 hectares de la ferme de risque fort à risque faible de ruissellement de matières actives. « J’ai également en projet d’implanter une haie de 250 mètres pour scinder une parcelle en deux parties. À terme, elle doit permettre de protéger les vaches au pâturage. Pour le choix des essences, je fais confiance au technicien du Grand Bassin de l’Oust (GBO) ». Enfin, une parcelle de deux hectares drainée et actuellement cultivée sera enherbée.
Contrat de 5 ans
Sur les 2,7 hectares de protection du ruisseau, l’éleveur s’engage à ne pas fertiliser, à faucher et exporter les récoltes (pas de phosphore résiduel) et à retarder la période de fauche pour favoriser la biodiversité. En contrepartie, il bénéficiera d’un PSE (paiement pour services environnementaux) de 970 €/ha, pour la partie non règlementaire (au-delà des 10 mètres pour la bande enherbée et pour l’entretien des haies). Le contrat court sur 5 ans, renouvelable. « J’aurai quelques indicateurs à fournir tous les ans : des photos, par exemple…et c’est du temps à passer », poursuit l’éleveur qui « préfère des mesures volontaires au réglementaire ». Une douzaine d’agriculteurs du secteur semblent intéressés par la démarche ; ils travaillent 230 hectares sur un bassin versant, en amont du lac au Duc. Pour accélérer le mouvement, il faudra trouver de nouveaux partenaires financiers.
Rechercher des financeurs
L’association Alli’Homme travaille sur le dossier du lac au Duc en partenariat avec le Syndicat mixte du Grand bassin de l’Oust (SMGBO), la Chambre d’agriculture de Bretagne, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Elle fait le lien entre les agriculteurs et les diverses entreprises qui financent les paiements pour services environnementaux (PSE). Elle dispose d’un catalogue d’actions et d’indicateurs adaptés aux enjeux liés à l’eau, à la biodiversité et au stockage de carbone.
Diviser par 2 le nombre de vaches au départ du père
Yoann Guiboux, installé en 2014, et son père produisent 1 million de litres de lait. Les 120 hectares sont quasi exclusivement consacrés au troupeau de 120 vaches et la suite (10 hectares de cultures de vente et, selon les années, du maïs grain). Les vaches pâturent toute l’année, à l’exception des trois mois d’hiver. Les travaux de culture sont réalisés par entreprise. Après de départ de son père en retraite, en fin d’année, l’éleveur réduira de moitié son nombre d’animaux. « Je préfère poursuivre seul, sans associé ou salarié ». La surface de maïs diminuera au profit des céréales. « J’en profiterai aussi pour augmenter l’autonomie en protéines en conservant la surface actuelle en luzerne et trèfle violet ».