Dossier technique

Du biogaz collecté à la ferme

Un procédé de récupération et de liquéfaction du biogaz en citerne va être en test sur une unité de méthanisation des Côtes d’Armor. L’objectif est de le traiter ensuite sur une station proposant du Bio GNV comme carburant.

19840.hr - Illustration Du biogaz collecté à la ferme
De g. à dr. : Alain Guillaume, co-gérant de la SARL Gazéa ; Julien Le Gonidec, salarié sur l’unité de méthanisation ; Servane Lecollinet, co-gérante de la SARL Gazéa | © 19840.hr

Pionnier de la méthanisation en France avec une unité en cogénération de 130 kW mise en route en 2008 en parallèle de l’élevage porcin situé à Plélo (22), Alain Guillaume, aujourd’hui associé avec sa fille Servane Lecollinet, se lance dans une nouvelle façon de valoriser le biogaz des unités de méthanisation. « Avec la société Sublime Énergie, nous allons pouvoir récupérer le biogaz qui se dégage des fosses, le stocker et le collecter comme cela se fait pour le lait », explique Alain Guillaume. 

Mutualiser les coûts

« Le biogaz est pompé et envoyé dans une citerne cryogénique dans laquelle il y a un agent de portage qui permet la liquéfaction de ce biogaz. Le biogaz liquéfié est ensuite collecté par un camion et transporté sur une station pour être traité et purifié afin de séparer le méthane du CO2 pour en faire du Bio GNV qui va servir comme carburant pour poids lourds, voitures ou tracteurs », décrit Alain Guillaume. Sublime Énergie possède un brevet sur le process qui permet la liquéfaction du biogaz qui est une technologie unique au monde. L’épurateur qui sera installé au niveau de la station de carburant va permettre d’épurer le biogaz venant de 10 exploitations agricoles afin de mutualiser les coûts. 

Cette technologie est en phase de recherche appliquée en laboratoire. La prochaine étape va être d’installer tout le process dont l’épuration sur l’unité de méthanisation Gazéa à Plélo pour que cela fonctionne en conditions réelles avec du biogaz. « Le matériel va arriver en fin d’année et l’installation devrait être mise en service au 1er trimestre 2025 pour une durée de 18 mois. Après cette phase de test, la partie épuration sera démontée pour être installée sur la station de Bio GNV située à Plouagat. Il restera ici l’équipement de base permettant de produire du biogaz liquéfié », indique Servane Lecollinet. Cette démarche est engagée en vue d’anticiper la fin des contrats d’obligation d’achat des unités en cogénération qui ne pourront pas basculer sur de l’injection car trop éloignés du réseau de gaz. « Avec l’obligation de couvrir les fosses, autant valoriser cet investissement en produisant du biogaz. C’est une manière de capter et valoriser le biogaz sans construire une unité de méthanisation dédiée. » Sur un rayon de 30 km autour de la station de Bio GNV de Plouagat, il y a déjà une dizaine d’agriculteurs méthaniseurs ou non qui sont intéressés par ce nouveau process. « Nous avons un jeune agriculteur qui base son projet d’installation sur une exploitation laitière sur ce procédé de méthanisation. »

19841.hr light
À partir d’une technologie unique au monde, le projet permettra de produire du carburant pour poids lourds, voitures ou tracteurs.

Une flotte de citernes qui tournent entre les fermes

Des citernes spécifiques seront installées chez les agriculteurs pour récupérer le biogaz. Un camion viendra récupérer la citerne pleine sur chaque site pour la remplacer par une vide qui sera reconnectée à la fosse à lisier ou à l’unité de méthanisation. « À la station, une fois le biométhane récupéré, il reste le bioCO2 et l’agent de portage. Une 2e phase permet de séparer le bioCO2 pour qu’il ne reste que l’agent de portage dans la citerne. Cet agent qui sert à liquéfier le biogaz n’est pas un consommable, il est recyclé dans la cuve », précise Bruno Adhémar, président de Sublime Énergie. 


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article