Dossier technique

Et les gaz dégagent du revenu

Avec 2 couvertures Nénufar, la ferme finistérienne alimente une cogénération qui injecte de l’électricité dans le réseau. Pour optimiser le fonctionnement du procédé, du lisier frais est régulièrement envoyé dans les fosses.

19864.hr - Illustration Et les gaz dégagent du revenu
La SCEA Gonidec est investie dans les économies d’énergie, avec 2 couvertures Nénufar et 2 trackers solaires. | © 19864.hr

Florian Gonidec et son père Aimé ont fait d’une contrainte une opportunité. Avec l’obligation de couvrir les fosses à lisier car l’exploitation est soumise à autorisation au titre des ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement), ils ont choisi d’équiper la structure de stockage d’effluents d’un système Nénufar qui récupère le méthane qui s’échappe du lisier. Après une analyse de la matière pour quantifier son pouvoir méthanogène, le projet s’est avéré techniquement faisable. Cependant, le besoin de chauffage du site est faible et en dessous de ce que peut produire le procédé de récupération des gaz de la fosse, c’est pourquoi les associés ont décidé de capter ces gaz pour alimenter un petit moteur de cogénération qui injecte de l’électricité dans le réseau. Le sujet de l’énergie est un point que les éleveurs ont à cœur, qui ont également installé des trackers solaires.

Apporter du lisier frais

Le projet s’est concrétisé en 2020. La fosse d’une capacité de 800 m3 positionnée en amont de la station de traitement a été couverte. L’exploitation s’est restructurée dans la foulée, avec des reprises de terres. Pour se mettre en adéquation avec le stockage d’effluents nécessaires pour les épandages de printemps, une seconde fosse de 2 500 m3 est construite. Un second Nénufar est posé. Au départ, le lisier ne fournit pas assez de méthane au moteur, car le gaz semble s’échapper dans les salles, et avant d’arriver aux fosses. La solution est trouvée, par une vidange des fosses sous les caillebottis des salles d’engraissement effectuée tous les 15 jours, ce qui a permis de rapidement gonfler le Nénufar. « L’ambiance est améliorée dans les bâtiments. Aussi, nous avions peur d’être envahis par des mouches, mais ça n’a pas été le cas ». Cette vidange fréquente demande un volume de stockage conséquent, mais la SCEA est correctement dotée avec ses deux fosses. Le gaz récupéré est aspiré par un surpresseur le long d’une canalisation de 300 m jusqu’au moteur tchèque Tedom. Installée par l’entreprise GR Énergies de Merdrignac (22), la cogénération affiche une puissance électrique de 28 kW pour une puissance thermique de 55 kW. Un filtre à particules vient purifier le combustible, le soufre est également contrôlé et piégé. À l’aide d’un échangeur à plaques, un circuit d’eau sert à refroidir le moteur quand une seconde canalisation va chauffer le post-sevrage et servira à l’avenir à chauffer la maternité, actuellement en projet.

Des capteurs de tension

La cogénération est pilotée par des capteurs de tension positionnés sur la membrane de la fosse. « Une fois que le Nénufar est suffisamment tendu, le moteur démarre. Une temporisation est aussi en place pour ne pas avoir des démarrages et des arrêts intempestifs », explique Aurore Toudic, responsable commerciale pour l’entreprise de couverture de fosse. « Il est réglé ici à un seuil de 45 kg de tension, seuil au-delà duquel l’électrovanne s’ouvre ».

En un an, le moteur installé à la SCEA a fonctionné 5 275 heures, 17 heures par jour pour les meilleures plages. Minutieux et soucieux d’optimiser le fonctionnement du système, Florian Le Gonidec dédie 1,5 heure de travail par semaine pour bien suivre la production. Aussi, il apprécie avec le procédé de « transformer le méthane en CO2, par combustion, car le méthane est 25 fois plus néfaste que le CO2. L’empreinte carbone de l’élevage diminue », conclut-il. Sur la SCEA de Gonidec, c’est l’émission de 815 t équivalent CO2 qui a été évitée sur un an par la combustion du méthane par le moteur.

19865.hr
Florian Gonidec chiffre à 1,5 heure le suivi de son installation, ici en compagnie d’Aurore Toudic de chez Nénufar.

Ne pas faire évaporer 1 400 €

En plus des gains économiques engendrés par le Nénufar, Florian Gonidec chiffre le fait de couvrir ses fosses et d’empêcher de diluer son lisier par de l’eau de pluie. Au total, les 2 fosses à raison de 900 mm de précipitations annuelles peuvent théoriquement recueillir 555 m3 d’eau. « En comptant un tarif d’épandage par entreprise de 2,5 €/ m3, on arrive à près de 1 400 € d’économie par an ». Un calcul qui s’avère encore plus payant en année de fortes précipitations, comme c’est le cas cette année.


Un commentaire

  1. Patricio SOTO

    Dans votre document, vous ne parlez pas de la destination du digestat produit dans le processus de méthanisation. Sans doute vous savez parfaitement que la réglementation considère le digestat comme un déchet de son origine jusqu’à l’étape de l’épandage agricole, la seule solution est de le traiter et le valoriser dans sa totalité (sa partie liquide et solide) à l’intérieur du site de production.
    Le digestat généré par la méthanisation, en tant que déchet, ne peut être utilisé tel quel dans l’épandage agricoles, en raison de leur teneur élevée en azote, principalement ammoniacale. Il est même interdit dans de nombreuses régions, principalement dans le sud de la France.
    Seriez-vous intéressé par la solution que LombriTek peut vous proposer pour le traitement du digestat avec un système de lombrifiltration et de lombricompostage, sur le même site de production ?
    LombriTek propose un traitement complet du digestat sur place, à la fin, on ne devrait pas parler de digestat à la sortie du site, mais d’eau épurée par lombrifiltration (partie liquide) pour une réutilisation agricole ou industrielle, et de lombricompost (partie solide) utilisable en tant que engrais naturels pour les plantes.
    Ces deux composants finaux sont considérés comme des produits grâce aux traitements que nous proposons, et ne posent pas de problèmes pour obtenir une validation règlementaire.
    Une première étape dans le développement de nos relations serait une première intervention de notre part sur le site de production, pour évaluer par décantation la séparation de phase des différents composants du digestat, ce qui nous permettrait de définir les conditions possibles de l’utilisation de la lombrifiltration en particulier.
    Si vous êtes d’accord avec cette proposition, nous vous fournirons les conditions d’exécution des opérations et les formalités de notre participation au suivi sur le terrain des tâches à effectuer.
    Nous vous remercions de votre attention et espérons une réponse rapide de votre part.
    Cordialement,
    Patricio Soto / LombriTek

Les commentaires sont désactivés.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article