Anne Kerdi est influenceuse. Elle vante les mérites de la Bretagne, elle indique les meilleurs endroits de la région à visiter. Sauf que la mascotte de Sébastien Keranvran est virtuelle. Il s’agit d’une pure création de l’intelligence artificielle, a expliqué son créateur lors de l’assemblée générale d’Agriculteurs de Bretagne, le 28 mars, à Landivisiau (29). Et si Anne Kerdi aspire déjà à apporter une aide aux offices de tourisme en conversant directement par écran interposé, elle pourrait aussi plus tard communiquer sur l’agriculture. « Il faut pour cela la nourrir de bases de données souveraines », prévient Sébastien Keranvran, concepteur de l’intelligence artificielle Anne Kerdi.
Risque de contre-communication ?
Même si Anne Kerdi envisage de devenir plus vraie que nature grâce à l’IA générative, des voix s’élèvent contre ce qui pourrait être un traquenard. « On peut imaginer que des bots (NDLR : robots) portés par l’IA fassent de la contre-communication », craint Hervé Leprince, directeur de l’agence de communication NewSens, qui pense évidemment aux détracteurs de l’élevage. Et Dominique Gautier, présidente d’Agriculteurs de Bretagne, d’affirmer sans hésitation : « Anne Kerdi ne nous remplacera pas dans notre travail d’ambassadeur de l’agriculture car nous avons notre authenticité. Mais pour autant, nous agriculteurs, devons être attentifs à l’IA ».
L’IA contribuera à augmenter la souveraineté alimentaire
Outre Anne Kerdi, à Landivisiau, il a été aussi question de ferme digitale qui étend ses ramifications dans des directions considérées comme improbables il y a encore quelques années.
Aller plus vite
Jérôme Le Roy, de la société Weenat, cite par exemple la possibilité actuelle de repérer le stade optimal de récolte d’une culture par satellite et d’ajuster en conséquence toute la logistique, jusqu’à diligenter le dépôt de la benne dans le champ. « L’innovation et la technologie contribueront à garder les 15 millions d’hectares cultivés en France », est convaincu Jérôme Le Roy, tout en pressant pour que « le continuum entre la recherche et l’agriculture aille plus vite » afin de définir rapidement les projets agricoles 2030-2040. Et de prévenir toutefois : « L’IA contribuera à augmenter la souveraineté alimentaire, mais elle ne va pas la régler à elle seule ».
3 450 adhérents
L’association Agriculteurs de Bretagne a dévoilé son nouveau projet « stratégique » lors de son assemblée générale : « Devenir LA référence du dialogue direct entre les agriculteurs et le grand public. Être un modèle collectif qui inspire et incite à créer une même démarche dans d’autres régions de France », a résumé la présidente Dominique Gautier.
Aujourd’hui, l’association rassemble plus de 3 450 adhérents individuels (agriculteurs et sympathisants), 170 organismes et entreprises partenaires et 260 communes soutiens.