« Quand je suis arrivée ici, j’ai découvert qu’on pouvait être à la fois agriculteur et transformateur et qu’en plus l’appellation ‘‘produit fermier’’ était protégée… J’ai trouvé ça juste génial ».
Autre regard
Quoi de plus instructif qu’un regard neuf ? Celui de Véronika Achberger a de quoi surprendre, mais laissons-lui la parole : « J’ai grandi en Sud-Bavière, une région montagneuse avec beaucoup de petites fermes. Gamine, j’aimais deux choses par-dessus tout : les produits laitiers et la campagne… Je vendais même des fromages fermiers sur un marché. Ça explique pourquoi je me suis orientée vers la biochimie et l’ingénierie en transformation agroalimentaire. Et c’est lors d’un stage à Quimper que j’ai rencontré mon futur mari. J’ai d’abord travaillé en recherche et développement sur des levures, des colorants naturels, d’abord à Hambourg puis à Rennes ».
Le Gaec oui, mais aussi la vie de famille
Incroyable combinaison
Quand survient le confinement, période féconde en virages existentiels, Véronika s’interroge et se met à chercher une petite entreprise agroalimentaire où elle pourrait s’investir et investir. Voilà comment, de fil en aiguille, elle croise la route de Jean-François Le Liard, éleveur laitier qui fabrique et vend ses propres laitages… L’incroyable combinaison de ses deux ‘‘amours’’ de jeunesse ! Avec Jean-François le courant passe. « Très vite, il m’a informée de son prochain départ en retraite. Une semaine plus tard, je l’ai rappelé : je peux venir voir comment ça se passe à la laiterie ? ».
Dès lors Véronika quitte Rennes chaque vendredi et passe sa journée à Lanfains. « L’idée, c’était qu’il m’accompagne le temps nécessaire pour que j’assimile la diversité du métier et que ma décision puisse se prendre en toute confiance. Avec deux enfants en bas âge, je voulais m’assurer que travail et vie privée seraient conciliables. Le Gaec oui, mais aussi la vie de famille ». Parallèlement Véronika, qui ne veut surtout pas se louper, entame un BPREA à Combourg : « pour intégrer les codes et la réalité de l’élevage breton. J’y ai beaucoup appris ».
Touche de féminité
Au final, elle accepte de prendre la responsabilité du pôle transformation avec en perspective un renforcement des pratiques HVE : « J’aimerais que progressivement le recours aux intrants diminue et qu’on mixe les races pour augmenter le taux protéique du lait ».
Mais au-delà du virage agro-environnemental qu’elle souhaite voir se renforcer, la jeune femme, aux dires de Jean-François, a déjà apporté une touche de féminité à la vie du Gaec, à laquelle on peut ajouter la volonté affirmée d’aller au fond des choses pour maintenir la qualité et l’image de ses produits laitiers.
Un an après sa prise de fonction, le bilan est positif : « En tant que femme, je pense avoir moins de rugosité à subir dans les rapports professionnels. Cela-dit, je dois rester vigilante pour continuer à être prise au sérieux. Aujourd’hui, j’arrive mieux à gérer l’inattendu et suis plus résistante au stress, même si maintenir une petite laiterie dans la course est un combat de tous les jours ».
Repères
• Gaec
• 2 associés
• 4 salariés
• Ferme laitière conventionnelle
• 95 VL Prim Holstein
• 750 000 L
• 1/3 transformés
• 100 ha : 40 ha pâtures, 20 ha céréales, 40 ha maïs
• Site élevage au Foeil
• Site laiterie à Lanfains
• Distribution des laitages en GMS de Bretagne et grossistes sur Paris
Agriculture et culture bretonnes
Autre surprise pour Véronika, la possibilité de s’associer : « Première chose que j’ai racontée à ma mère : en France, plusieurs agriculteurs peuvent s’installer et travailler ensemble ! C’est un bon système où il faut apprendre à décider collectivement… Pour moi, les choses ayant été claires dès le départ, je ne pouvais pas être déçue par ce fonctionnement.
C’est en Bretagne que j’ai découvert l’élevage intensif. Ici, l’agriculture est plus productiviste que dans ma région d’origine : plus de surfaces, plus de vaches… Cela dit, j’ai de très bonnes relations avec les agriculteurs et j’apprécie qu’il y ait encore des haies et du bocage dans notre secteur. Quant aux Bretons, ils sont très ouverts. Je me suis bien intégrée à la laiterie comme à Lanfains et personne, au regard de l’histoire, ne m’a jamais reproché mes origines.
J’adore votre cuisine, les crêpes, les galettes et suis impressionnée par le côté vivant et moderne de la culture bretonne ».
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Pierre-Yves Jouyaux