« Les agriculteurs français surinvestissent »

Alessandra Kirsh, directrice du groupe de réflexion Agricultures et stratégies, était invitée à l’assemblée générale de la Coordination rurale mercredi 27 mars. Le revenu agricole était au cœur des débats.

19628.hr - Illustration « Les agriculteurs français surinvestissent »
L’une des raisons du manque de rentabilité de la ferme Rance est le sur-investissement, selon Alessandra Kirsh.

Quels outils prônez-vous pour sécuriser le revenu des agriculteurs ? Interview Votre slogan, c’est « des prix, pas des primes ». Nous sommes dans un monde ouvert. Tous les pays subventionnent leur agriculture. Sans primes, c’est le consommateur qui paie le prix réel et cela pose d’autres problèmes. Assurer une alimentation à un prix raisonnable est l’un des fondements de la Pac. Même avant la réforme de 92, il n’y avait pas de « vrais prix ». Pour sécuriser le revenu agricole, je défends un système à l’américaine qui permet de donner de la visibilité et de diminuer les risques pour l’agriculteur. Celui-ci perçoit une aide si le prix de marché est inférieur à un prix d’objectif calculé sur un coût de production moyen européen, défini à l’avance. Ce système permet de verser moins d’aides quand les prix sont bons pour les redistribuer quand les cours sont bas.  Ce système ne conduit-il pas à un excès de production ? Il faut une régulation des volumes qui pourrait être gérée par les collecteurs (lait) privés et coopératives. En lait conventionnel, il n’y a pas de déséquilibre offre-demande actuellement ; des mesures de régulation n’apporteraient rien sur le moment. En lait bio, par contre, ce déséquilibre existe. Heureusement que le prix du lait conventionnel élevé a servi de parachute aux laitiers bio. Mais réguler la bio serait un constat d’échec car l’objectif politique est de la développer. Pourtant, quand le marché n’existe pas… Le moment est propice pour évoquer les changements structurels de la Pac. Après les prochaines élections européennes, le Conseil devra fixer une ligne rouge à la Commission. Celle-ci s’arroge aujourd’hui des prérogatives ; c’est un monstre qui a échappé à son créateur. Les clauses miroir ou de sauvegarde sont-elles souhaitables ? Le Gouvernement français a décidé, en février, dans l’attente d’une mesure européenne, et afin de protéger le…

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