Le contexte économique a frappé la filière laitière bio l’an passé. Entre 2022 et 2023, les quantités commercialisées par Biolait sur 74 départements sont passées de 290 à 270 millions de litres. « Une baisse liée à l’impact climatique mais aussi à des déconversions et des départs en retraite d’éleveurs », a déclaré Ludovic Massard, administrateur et éleveur, lors d’un point presse le 17 avril à Piré – Chancé (35).
Sur 2023, le prix payé aux producteurs a été de 482 € les 1 000 L. « Alors que nous partions sur des prix inférieurs en début d’année, ils sont actuellement réévalués du fait de signaux légèrement positifs ressentis sur la consommation, pour le moment dans les circuits courts et dans la distribution spécialisée », précise Yves Sauvaget, administrateur et éleveur. Après le contexte baissier, un plateau semble atteint aujourd’hui pour la production de lait bio. Pour autant, « nous n’allons pas attendre pour passer à l’action », soulignent les responsables.
Au contact des consommateurs
Après « la déception et la sidération », les adhérents de Biolait ont décidé « de retourner au contact des consommateurs. » En 2024, ils vont réaliser plus de 150 animations, en grande distribution notamment. « Nous souhaitons relancer le référencement de nos produits bio dans les GMS. »
« Pour que les consommateurs puissent reconnaître notre collectif, nous avons créé la marque ‘Il lait là’ actuellement utilisée par une cinquantaine de nos clients. » Des diagnostics carbone vont être réalisés sur nos fermes pour quantifier leur impact, avec « l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. » Les adhérents de Biolait vont aussi aller rencontrer les élus, de l’échelon local jusqu’aux ministères. « Depuis 30 ans, nous travaillons sur la construction d’une filière dont le cahier des charges est supérieur à celui de la bio, prenant en compte la biodiversité, la collecte de tous les producteurs, la transparence sur les prix. Cet engagement a aujourd’hui besoin d’être accompagné par la puissance publique, notamment dans un contexte de renouvellement des générations où les nouveaux arrivants sont attirés par ce mode de production. »
« Une valorisation économique des services rendus par la bio au travers de PSE et de MAEC sur tout le territoire » est demandée. Dans la nouvelle Pac, « les OP tel que Biolait doivent pouvoir bénéficier de programmes opérationnels tels qu’ils existent dans la filière fruits et légumes. » À l’horizon 2050, le collectif entend doubler son nombre d’adhérents.
Des investissements différés
Martial Chesnais, éleveur à Piré-Chancé (35), s’est installé il y a 2 ans sur la ferme familiale.
« La force de nos systèmes autonomes est notamment la stabilité des charges », exprime-t-il. Mais du fait des difficultés actuelles, « nous avons tout de même différé des investissements et l’embauche de main-d’œuvre. Les consommateurs et les politiques doivent nous suivre. »