Les manifestations portent toujours en elles l’espérance de jours meilleurs dont la flamme est attisée par l’enthousiasme collectif du moment. Sur les barricades, on refait le monde, on imagine des lendemains qui chantent. Cette fois encore, les agriculteurs y ont cru. Las. Très vite, les espérances se sont transformées en espoirs déçus.
En envoyant une note de vigilance aux préfets, aux Agences régionales de santé (ARS) et aux directions départementales des services de l’État sur le risque de recrudescence des suicides chez les agriculteurs, les pouvoirs publics reconnaissent indirectement que leurs réponses ne sont pas à la hauteur des attentes du monde agricole.
Auteur de cette note, le coordinateur national interministériel du plan de prévention du mal-être en agriculture, Olivier Damaisin, craint en effet que le retour sans solution des manifestants dans leur exploitation ne débouche sur une grande détresse psychique. Le réseau de prévention Sentinelle destiné à venir en aide aux agriculteurs enregistre d’ailleurs « une augmentation d’appels au secours » jugée « inquiétante ».
Foi dans le métier ébranlée, isolement des agriculteurs qui ne peuvent plus partager leur coup de blues avec feu la communauté agricole de jadis, répétition de récits misérabilistes de la vie à la ferme véhiculée par les médias nationaux, etc., contribuent à jeter encore plus le doute chez ceux qui doutent déjà. Ou pire qui ne doutent plus car découragés jusqu’à l’estime de soi.
Disons-le avec force : aucun agriculteur ne doit penser qu’il doit payer de sa vie pour des promesses non tenues, ou pour une impasse financière, ou par dépit face à un sentiment d’exclusion. Pas plus qu’il ne doit payer de sa vie la grande braderie alimentaire nationale et mondiale qui l’empêche de gagner dignement sa vie.
Une augmentation d’appels au secours jugée inquiétante