Après la période euphorique du 1er semestre 2023 (2,20 €/kg au cadran contre 1,52 € en 2022), le prix du porc a subi un réajustement depuis l’été. Il est descendu à 1,78 €/kg au mois de décembre, niveau comparable à celui de décembre 2022. La hausse de prix découlait d’une forte baisse de l’offre dans l’UE (-5,6 % en 2022) qui s’est poursuivie au 1er semestre 2023 (-8,5 %). Le réajustement provient notamment d’une perte de compétitivité de l’UE pour exporter sur les pays tiers face à la concurrence (USA, Brésil). On note aussi une adaptation des capacités d’abattage associée à une consommation de viande de porc peu dynamique (impact de l’inflation). Le prix retrouve son équilibre en décembre avec une reprise de la demande à l’approche des fêtes et vers les marchés d’Europe centrale. L’année 2023 restera dans les annales à près de 2,11 €/kg en moyenne annuelle (+0,39 €/kg ; +22 %), niveau inimaginable avant l’impact de tous les chocs : Covid, Ukraine et inflation. Le prix annuel de l’aliment complet du commerce à près de 385 €/t est resté assez proche de celui de l’année 2022 (+5 €/t environ). Après un niveau record à plus de 400 €/t pendant près d’un an (impact de guerre en Ukraine), il tend à baisser depuis l’été dernier (vers 340 à 350 €/t en spot fin 2023). Cette diminution devrait logiquement se prolonger cette année. Le ciseau des prix est donc très favorable en 2023 d’où un niveau de marge brute par truie qui pulvérise tous les records précédents à près de 2 100 € ! Les autres charges (hors aliment) subissent une forte hausse (estimation à + 8 cts d’€/kg) avec l’impact de la hausse de prix de l’énergie et de toutes les autres charges. Elle risque de se poursuivre en 2024 malgré la baisse de prix de l’énergie. À l’avenir, le prix du porc devra donc intégrer cette forte hausse des charges de structure.
Prix du porc : un record en 2023, Avec un réajustement depuis l’été dernier
S’adapter à la baisse de l’offre
La production porcine bretonne était de 1 258 000 tonnes en 2021. En 3 ans, de 2021 à 2024, elle va probablement baisser de près de 10 %. S’adapter à la baisse de l’offre va donc être un défi majeur pour la filière porcine bretonne avec un impact marqué dans le secteur de l’abattage dont la rentabilité est très dépendante des volumes. Les entreprises de transformation et de salaisonnerie seront aussi impactées. Pour le producteur, le risque est de subir une pression sur le prix d’achat et de voir l’importation de viande augmenter pour compenser la baisse de l’offre française. À noter, la production baisse aussi ailleurs dans l’UE, ce qui peut limiter les imports.
Une période charnière
La production porcine va donc traverser une période charnière, avec de nombreuses exploitations à transmettre. La rentabilité est pourtant au rendez-vous. Mais, les lourdeurs administratives et les pressions sociétales pèsent sur l’acceptation des projets. Sans une forte impulsion économique et/ou politique, il sera difficile d’attirer des jeunes…
Georges Douguet / Cerfrance Bretagne