Un tour des fermes françaises à vélo

Raphaël Caviglioli a travaillé dans une vingtaine de fermes pendant un tour de France à vélo. L’occasion pour lui de se confronter à la réalité du métier d’agriculteur.

19113.hr light - Illustration Un tour des fermes françaises à vélo
L’expérience a ouvert la possibilité de s’installer comme agriculteur. | © 19113.hr light

À 22 ans, Raphaël Caviglioli se décrit comme un véritable citadin. Après avoir grandi à Toulouse et obtenu une licence en droit en 2021, il ressent toutefois le besoin de découvrir d’autres horizons et de s’immerger dans le monde rural. « Le milieu agricole m’a toujours attiré », raconte le jeune homme. « Après l’obtention de mon diplôme, j’ai donc postulé à un stage proposé par un agriculteur du Pas-de-Calais ».Néanmoins, c’est une rencontre fortuite sur les routes de Saint-Jacques-de-Compostelle, peu de temps avant le début du stage, qui va tout déclencher. « Un jour, j’ai planté ma tente chez un agriculteur en Lozère », se souvient Raphaël. « De fil en aiguille, j’ai fini par longuement échanger avec lui, l’aider pour la traite, et sa situation m’a touché ». L’éleveur, proche de la retraite, n’avait pas de repreneurs, n’avait pas pris de vacances depuis 17 ans et percevait un salaire loin d’être à la hauteur des heures de travail effectuées sur sa ferme. « Je ne comprenais pas pourquoi ces personnes qui nourrissent la population ne parviennent pas à gagner correctement leur vie », avoue l’étudiant.

Le milieu agricole m’a toujours attiré

Connaître la réalité du terrain

Son stage d’un mois dans le Nord de la France est riche en apprentissage et fait également émerger de nouvelles questions. « À l’époque, je ne réalisais pas à quel point c’était un métier technique. Cela m’a également révélé l’ampleur des disparités entre les agriculteurs : des écarts de revenus, d’infrastructures et de niveaux de vie considérables », explique Raphaël Caviglioli. Une idée commence alors à germer dans son esprit : dresser un état des lieux de l’agriculture française en se confrontant à la réalité du terrain. En novembre 2022, il décide donc de passer une semaine dans une ferme de chaque région de l’Hexagone. « Le but était de travailler en échange du gîte et du couvert. N’ayant presque aucun contact dans le monde agricole, ça n’a pas toujours été simple », se souvient le jeune homme. Autre particularité de l’aventure : les déplacements se faisaient à vélo et en train uniquement. « C’était surtout pour le côté économique, écologique et sportif mais aussi pour une raison sociale. C’est beaucoup plus facile de créer du contact avec les gens quand on est à vélo »

2 000 km parcourus

Après 8 mois, Raphaël Caviglioli a parcouru 2 000 km, sauté dans une centaine de trains et travaillé dans une vingtaine de fermes. « Pour la grande majorité, c’étaient des exploitations en grandes cultures, bovins lait et bovins viande », explique-t-il. « Environ 20% d’entre elles étaient en bio ». Au terme de son aventure, plusieurs éléments ont profondément marqué l’étudiant. Parmi eux, la complexité du métier, l’engagement des agriculteurs envers leur travail, l’attention portée par les éleveurs à leurs animaux et la chaleur de l’accueil dans les fermes. « J’ai été extrêmement bien reçu », annonce Raphaël. « Le plus difficile dans cette expérience, c’était de partir des fermes à la fin de chaque semaine ».

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Le vélo est un moyen de transport favorisant le contact social.

Le récit d’une aventure

Afin de partager son expérience au plus grand nombre, Raphaël Caviglioli envisage d’écrire un livre. L’ouvrage retracera l’aventure et le ressenti du jeune homme mais proposera également une analyse plus approfondie sur le plan statistique. À la fin de chaque séjour, un questionnaire était en effet soumis aux exploitants. Les questions portaient notamment sur des sujets sociétaux, politiques ou conjoncturels. Le revenu était également abordé en toute transparence. « Le salaire moyen des agriculteurs interrogés était environ de 1 000 euros nets par mois », admet Raphaël. Aujourd’hui, l’étudiant a repris un master en droit mais compte également obtenir un BTS Acse, qu’il suit en distanciel. L’idée de s’installer un jour a aussi germé dans son esprit. « C’est une vie qui me plaît énormément. Cette expérience m’a donné envie d’être agriculteur ».

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Raphaël Caviglioli s’est rendu compte de la technicité du métier.

Sensibiliser le grand public

Dès que l’occasion se présente, Raphaël Caviglioli parle d’agriculture, notamment pour ses projets scolaires. « Les gens sont souvent déconnectés et critiquent le monde agricole sans le connaître. À ma petite échelle, j’essaie de reconnecter ces deux mondes ». En octobre 2023, il a par exemple reçu le prix de « l’étudiant au parcours remarquable » décerné par son université. « J’ai ainsi pu faire un discours devant environ 600 personnes pour parler de mon projet et de l’agriculture », conclut Raphaël.


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