« Il ne faut pas avoir peur d’ouvrir sa ferme. » Gaël Le Bloas, 37 ans, exploitant depuis 2013 dans le Nord-Finistère sur la commune de Milizac (29), gère avec ses parents une exploitation laitière de 120 vaches. Titulaire d’un BEP, d’un Bac professionnel et d’un BTS Production animale, il s’est ensuite dirigé vers un Certificat de spécialisation en vente directe. Il a appris à communiquer durant sa formation. En 2017, il commence à organiser des visites de son exploitation et propose des goûters d’anniversaire, prétextes pour ouvrir sa ferme au grand public. Durant la crise sanitaire, il décide de développer ses activités de communication en créant un compte Facebook, suivi plus récemment d’un compte Instagram qui lui permet de toucher un autre public, plus jeune. Mais les initiatives de l’éleveur ne s’arrêtent pas là : il intervient également dans les classes d’élèves du primaire. Les échanges avec les enfants sont « captivants » et permettent de faire passer les bons messages, dès le plus jeune âge. Le but de toutes ces actions ? Reconnecter le public au monde agricole car de plus en plus de citadins, mais aussi de personnes vivant dans le monde rural, ont une fausse image de l’agriculture et des agriculteurs d’aujourd’hui. La majorité des Français « ne savent pas à quoi ressemble une étable et ne sont même pas au courant que la traite peut être robotisée ». Gaël Le Bloas est convaincu qu’« il ne faut pas avoir peur de parler aux gens », car c’est avant tout l’envie de connaître la réalité de l’agriculture qui pousse le public à venir le rencontrer. Son expérience le confirme : les visiteurs arrivent parfois avec quelques a priori sur l’élevage mais il faut expliquer simplement ce que l’on fait, utiliser beaucoup d’images pour vulgariser les techniques de l’élevage : « Je compare les enrubannés aux boîtes de conserve, le bol mélangeur au Thermomix ». Toutes ces techniques, affinées au fil du temps, rendent les échanges avec le public plus ludiques. « Il faut être pédagogue, ouvert et à l’aise avec le public pour renforcer l’image positive du métier ».
91 % des Français ont une bonne opinion des agriculteurs
Perçus par les Français comme des gardiens de l’environnement, de la biodiversité et de la sécurité alimentaire1, les agriculteurs doivent également parfois faire face à des préjugés et à des malentendus. Maladresses de communication de la part du monde agricole et désinformation peuvent entraîner une dégradation de l’image de l’agriculture. À l’inverse, selon la « loi de l’attraction : le positif attire le positif 2 ». Une communication positive peut aider à prévenir les crises, à atténuer leur impact et à restaurer la confiance en cas de problème. Experts dans leur domaine, les agriculteurs ne sont pas forcément formés à communiquer. Mais en complément des modules « communication » désormais proposés en formation agricole initiale, de nombreuses formations continues sont possibles, sur des thématiques précises (média training, Internet, réseaux sociaux…) Chacun peut donc, s’il le souhaite, contribuer à faire rayonner des valeurs communes portées par l’agriculture comme la durabilité, la qualité des produits, le bien-être animal et le respect de l’environnement.
Florian Talarmain, Melvin Baron, Adrien Lannuzel, Pierre Lallouet
1 / https://www.ipsos.com/fr-fr/91-des-francais-ont-une-bonne-opinion-des-agriculteurs
2/ https://www.rtbf.be/article/la-loi-de-lattraction-peut-on-attirer-ce-que-lon-souhaite-11144698