Dossier technique

Connaître la morphologie des trayons pour choisir le bon manchon

Pour garantir le confort de traite, des manchons trayeurs adaptés à la typologie prédominante des trayons dans le troupeau s’imposent. Des mesures préalables peuvent être réalisées afin d’opter pour le bon modèle.

20206.hr recadre - Illustration Connaître la morphologie des trayons pour choisir le bon manchon
Mesure du diamètre d’un trayon au pied à coulisse électronique. | © 20206.hr recadre

« Le type de manchons influe très fortement sur la qualité de la traite. Il joue à la fois sur la vitesse de la traite et la tenue des gobelets trayeurs ainsi que sur l’état sanitaire des trayons, lésions mécaniques notamment, et la qualité du lait », tient à rappeler Daniel Le Clainche, expert technique traite et logement des animaux chez Innoval. Avant de souligner qu’apparaissent depuis quelques années de nouveaux modèles qui ont tendance à présenter des embouchures très étroites. « Cette inspiration semble venir du nord de l’Europe où les trayons des vaches sont de faible diamètre. Mais chez nous, de nombreux troupeaux sont encore caractérisés par des trayons relativement longs et épais. » 

Pour Daniel Le Clainche, la question dimensionnelle du manchon est prioritaire par rapport aux autres caractéristiques comme la matière (caoutchouc ou silicone), le prix, la résistance à la déformation ou la forme (ronde, carrée, triangulaire, hybride…). « On peut se sentir à l’aise dans toutes sortes de chaussures. Mais quand on chausse du 44, on aura forcément mal au pied dans une paire de 42. C’est un peu pareil pour les manchons trayeurs. » L’expert a ainsi un message simple à faire passer : « Avant de choisir un modèle, il est indispensable de s’assurer de l’adéquation entre ce manchon et la typologie des trayons de l’élevage. »

Le type de manchons influe fortement sur la qualité de la traite

Diamètre de la base du trayon avant la traite

Le gabarit des trayons se caractérise en mesurant leur diamètre à la base et leur longueur à l’aide d’un pied à coulisse électronique. « On opère avant la pose des gobelets quand le trayon est plein de lait. On choisit généralement le trayon avant (généralement plus long que les trayons arrière) côté fosse pour faciliter la mesure. » L’éleveur qui ne dispose pas de l’outil (utilisé par exemple par les plombiers pour définir le diamètre d’une canalisation) peut demander au vendeur du manchon ou à un conseiller spécialisé en traite – santé de la mamelle de le faire. « C’est un peu fastidieux car il faut réaliser un maximum de mesures », concède Daniel Le Clainche. « De notre côté, nous passons tout le troupeau lors d’un diagnostic. Pour un éleveur, je recommande de viser au moins 25 à 30 % des vaches à la traite choisies de façon aléatoire. » Les résultats permettent d’établir une cartographie des trayons en termes de longueur et de diamètre. Ils sont classés en trois catégories. Les trayons de moins de 3 cm de long sont dits « très courts ». Ceux mesurant autour de 5 cm, soit de 3 à 7 cm, sont considérés comme « normaux ». Et ceux dépassant les 7 cm sont estimés « très longs ». Pour le diamètre de la base du trayon, il y a aussi une gradation : on parle de trayons « très fins » entre 0,9 à 2,5 cm, de trayons « normaux » entre 2,5 à 7 cm et de trayons « très gros » au-dessus de 7 cm de diamètre. Différentes combinaisons entre longueur et diamètre peuvent exister. « Même si les très gros trayons sont souvent très longs aussi. »

Des morphologies de trayons parfois hétérogènes

Ensuite, pour choisir son modèle de manchon, on s’appuie sur la classe prédominante de la cartographie des trayons de l’élevage. « Pour ce critère, certains cheptels sont très homogènes. D’autres, au contraire, pas du tout : c’est très net après une fusion de troupeaux par exemple ou quand il y a un changement de stratégie de sélection avec des générations d’animaux qui arrivent qui se différencient des précédentes. » Il faut ainsi s’assurer auprès de son fournisseur que le manchon proposé a les caractéristiques ad hoc, au moins concernant son diamètre d’embouchure et sa longueur de corps. Le critère le plus important à considérer étant l’ouverture du manchon. « Si mes vaches ont en majorité des trayons de 5 cm de diamètre – ce diamètre est beaucoup plus faible quand la citerne est vide après la traite – il faudra un manchon avec une embouchure de 21 à 23 mm. » Une embouchure inférieure à 20 mm de diamètre correspondra à des trayons très fins.

Attention aux manchons trop serrés

Les petits manchons nouvelle tendance sont séduisants par leur très bonne tenue, note Daniel Le Clainche. « Mais attention, s’ils ne glissent pas, utilisés sur des trayons trop épais, ils agressent. Sur le terrain, la première chose alors observée est une traite incomplète due à un canal quasiment fermé par l’étranglement des trayons et souvent des anneaux de compression rouges sur la peau. Ces signes sont également synonymes de risques sur la santé de la mamelle : mammites et cellules… »


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