Pierre Rozé et Sébastien Hivert sont installés sur une exploitation de 145 ha où ils élèvent 55 Parthenaises et leur suite. Le système est mené en agriculture biologique. Avant 2022, l’assolement était constitué de prairies, de maïs, de blé meunier et de méteil. Pour des raisons sociétales et agronomiques, les deux agriculteurs ont pris la décision de diversifier leur rotation en y ajoutant 7 ha de colza et autant de tournesol, destinés à la production d’huile. De l’orge brassicole a également été implantée en parallèle. « On sait que les consommateurs doivent globalement manger moins de viande et que nous devons produire davantage de cultures pour l’alimentation humaine », annonce Pierre Rozé. « C’est également le moyen de relever un nouveau challenge dans un système en croisière depuis 20 ans ». De plus, les anciennes rotations, et plus précisément la récurrence de blé meunier, favorisaient la présence d’adventices comme la vesce et le coquelicot.
Nous devons produire davantage cultures pour l’alimentation humaine
Une rotation de 10 ans
« La nouvelle rotation permet d’alterner les cultures d’hiver, de début de printemps, de printemps et de fin d’été », explique le Bretillien. « Elle offre aussi la possibilité de faire se succéder les plantes binées et non binées, et celles étouffantes et moins étouffantes. Maintenant, nous avons une rotation plus riche et plus longue qui va nous aider à mieux maîtriser les adventices ». En effet, sur certains îlots, la même culture ne revient qu’une fois tous les 10 ans. Pour maîtriser au mieux ces nouvelles cultures, les deux exploitants se sont entourés d’un conseiller indépendant mais aussi de groupes techniques animés par le Ceta 35 et Agrobio 35.
30 q/ha
Les premiers semis de tournesol ont eu lieu le 20 avril 2023 à 75 000 pieds par hectare et 75 cm d’écartement. Cependant, les conditions froides n’ont pas été propices à l’implantation. « Nous avons aussi eu des limaces », se souvient Pierre Rozé. « Nous avons alors dû casser certaines parcelles et les resemer le 10 mai ». Malgré tout, les agriculteurs récoltent 30 q par hectare fin septembre. « Cela nous a bien motivés à continuer ». Quant au désherbage, quatre interventions ont été nécessaires : houe rotative, herse étrille et deux binages. En 2023, les deux associés avaient un contrat avec Terrena à 520 €/t. Pour cette campagne, ils signent de nouveau avec la coopérative mais avec des conditions légèrement différentes. « 50 % du prix est basé sur notre contrat de 2023. Les 50 % restants seront dépendants du prix du marché de 2024 ».
Le tournesol se développe
Dans le sud de l’Ille-et-Vilaine, l’hélianthe se développe petit à petit. « Il y a 4 agriculteurs à en faire dans un rayon de 10 km autour de la ferme », déclare Pierre Rozay. La Cuma locale a même acheté les disques pour le semoir et la coupe avancée pour la récolte. « Je pense que c’est une culture qui peut avoir de l’avenir, surtout si le maïs devient de plus en plus limité par le manque d’eau ».
Des prix à la baisse pour le colza
Le colza est semé à 3 kg/ha en même temps que du sarrasin à 12 kg/ha. La polygonacée permet de couvrir rapidement le sol et de limiter la levée d’adventices. « Dès les premières gelées, le sarrasin disparaît », rapporte Pierre Rozé. Comme pour le tournesol, les deux agriculteurs ont un contrat avec Terrena. « En raison d’une conjoncture défavorable pour les cultures bio, et en particulier pour le colza, nous avons été payés 450 €/t en 2023 alors que les producteurs étaient payés presque 1 000 €/t en 2022. Même si notre marge brute est faible sur cette culture pour l’instant, on en a besoin agronomiquement ».