Les légumes entre aléas climatiques et manque de main-d’œuvre

Après la sécheresse de 2022, c’est l’humidité de 2023 qui aura impacté les productions légumières de notre région. Les phénomènes climatiques plus extrêmes et plus imprévisibles vont changer la donne. Le manque de main-d’œuvre de plus en plus prégnant contraint aussi à modifier les assolements.

20135.hr recadre - Illustration Les légumes entre aléas climatiques et manque de main-d’œuvre

1/ Le  chou-fleur

2022/2023 s’affiche avec le meilleur niveau de marge connu par les producteurs (notamment grâce à une bonne dynamique de l’exportation) ce qui a permis de faire face à l’augmentation des charges de structure (carburant, main-d’œuvre…).

La tempête Ciaràn de début novembre fragilise le potentiel de production de la campagne en cours avec des choux couchés et un excès d’eau à suivre. Le manque de production en Europe et des volumes en baisse chez nous tirent les prix vers le haut depuis le début de saison. Ils devront cependant rester élevés pour pallier la perte de rendement qui sera plus ou moins importante suivant les variétés.

2 / La pomme de terre primeur

La pomme de terre primeur a connu une très bonne campagne 2023. Avec des stocks très bas de pommes de terre de conservation en début de saison, la demande a tiré les prix vers le haut.

Les surfaces ont baissé en Europe par rapport à 2022 et la consommation est en hausse de près de 2 millions de tonnes. Les récentes intempéries dans le nord de la France ont rendu difficiles les récoltes. Les cours de la pomme de terre devraient donc rester soutenus sur 2024. Le tubercule pourrait ainsi retrouver une place privilégiée au sein des exploitations légumières, une culture mécanisée nécessitant moins de main-d’œuvre. La problématique aujourd’hui est de trouver du plant de pommes de terre pour la saison prochaine avec l’annonce d’une disponibilité en baisse de 20 % pour 2024.

3 / La tomate

Au niveau national, la production de tomates est en baisse de 13 % par rapport à 2022. En Bretagne, les volumes baissent seulement de 3 %, avec des variations plus ou moins importantes suivant les segments. Le prix de la tomate grappe est en retrait sur 2023, un prix proche de celui de 2021, avec des charges en forte progression sur tous les postes. Les serristes doivent faire face à un prix du gaz élevé. Les producteurs sans cogénération ou chauffage alternatif doivent s’adapter, décalage de plantation, baisse des consignes de chauffage avec l’objectif de ne pas trop impacter le potentiel de production…

Les productions biologiques

En mal de pouvoir d’achat, les consommateurs réduisent leurs achats de produits biologiques. Les légumes n’échappent pas à cette tendance. Sur 2023, de nombreux légumes ont été commercialisés en conventionnel pour désengorger le marché du bio, et ainsi soutenir les prix labellisés AB.
L’interdiction de commercialiser en bio les produits issus de serres chauffées françaises avant le 1er mai va disparaître. Cela devrait laisser moins de place aux importations européennes, et permettre de retrouver une meilleure valorisation des produits bio français. Avec seulement 7 % des achats, il reste une place importante pour les produits bio dans la restauration collective, avant l’atteinte de l’objectif Égalim : cette voie peut contribuer à sortir de la crise.

Luc Mangelinck / Cerfrance Bretagne


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