Décidément, le virus de l’influenza aviaire n’en finit pas de surprendre les scientifiques du monde entier. Ses dernières victimes en date, après les canards, les phoques et les chats ? Contre toute attente, les vaches laitières aux États-Unis. Trois semaines après le premier cas bovin outre-Atlantique – et dans le monde –, ce sont désormais 33 élevages qui sont touchés dans huit États, selon le dernier décompte du ministère américain de l’Agriculture (USDA) au 24 avril. Gilles Salvat, directeur délégué à l’Anses, rappelle que les bovins étaient considérés comme « les mammifères les moins sensibles aux virus de la grippe aviaire ». L’enquête sur les cas américains a montré que « le virus avait été introduit par l’importation de bovins », rapporte la plateforme publique française ESA (Épidémiosurveillance en santé animale). Et d’ajouter qu’« une transmission entre bovins ne peut pas être exclue ». Une autre introduction du virus, indépendante, a provoqué des cas sur des chevreaux en février.
Mais ce qui inquiète le plus les autorités, c’est que le premier foyer bovin a débouché sur une transmission à l’homme. Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la crainte est que le virus du H5N1 s’adapte pour devenir capable de se transmettre d’humain à humain, ce qui n’a encore jamais été prouvé. Entre 2003 et le 1er avril 2024, l’OMS a enregistré un total de 889 cas humains de grippe aviaire dans 23 pays, dont 463 décès (taux de létalité de 52 %). Ce risque d’une propagation de la grippe aviaire (nom de la forme humaine de l’influenza aviaire) n’est toutefois pas nouveau. « Cela fait plus de 25 ans que le scénario d’une transmission du virus H5N1 à l’homme nous inquiète, rappelle Arnaud Fontanet, de l’Institut Pasteur. Le scénario ne s’est jamais produit, mais le simple fait que la circulation du virus s’intensifie est une source d’inquiétude. »
Agrapresse