Des bouteilles en verre, fièrement alignées sur un plan de travail, contiennent un liquide couleur d’or. Très bientôt, elles seront décorées de l’étiquette arborant les couleurs de la Maison Robert, située à Janzé (35). Dans l’autre coin de l’atelier de transformation, la presse attend patiemment le prochain lot de graines dont elle pourra extraire les précieuses huiles. « Nous sommes la cinquième génération d’agriculteurs à travailler sur cette ferme », annonce Olivier Robert, installé avec son frère Emmanuel sur l’exploitation familiale depuis 2010. En 2021, les deux associés font le pari de la production d’huile à la ferme à partir de leurs cultures de colza et de tournesol. Ce nouvel atelier vient s’ajouter à l’élevage de porcs naisseur-engraisseur de 160 truies et de poulet de Janzé, ainsi qu’à la production de sapins de Noël. « Le Covid nous a poussés à réfléchir à de nouveaux concepts », explique l’agriculteur. « Nous nous sommes rendu compte que le consommateur était devenu plus sensible aux produits locaux et, plus globalement, à la bonne nourriture ». De plus, le principe de vente en circuit court résonnait chez Olivier et Emmanuel Robert. « Cela permet de recréer du lien entre le client et le producteur et de mettre en valeur notre métier ».
1 t de colza ou de tournesol produit environ 350 L d’huile
Une distribution régionale
Aujourd’hui, les deux associés et leurs deux salariés fabriquent de l’huile de tournesol, de l’huile de colza et de l’huile de colza torréfié. La première est idéale pour de la cuisson, tandis que les deux autres sont uniquement destinées à l’assaisonnement des plats. « L’huile d’olive est devenue chère », déclare Olivier Robert. « Quand elle est conditionnée en bidon de 5 L, notre huile est vendue 30 €. C’est donc une alternative plus accessible, tout aussi goutue et riche en oméga 3 ». La production a d’ailleurs remporté quelques médailles d’or et d’argent lors de Tablées du Rheu 2024. Les agriculteurs commercialisent également des graines de colza torréfiées, « idéales pour accompagner des poissons, des salades ou même des crèmes glacées ». La distribution se fait à l’échelle régionale dans des magasins de producteurs, des épiceries fines et chez des restaurateurs. Olivier Robert participe également à de nombreuses foires et marchés.
Attention à l’implantation
Dans la SAU, 6 ha sont consacrés au colza et autant au tournesol. Les graines sont récoltées à maturité, soit entre 5 et 6,5 % d’humidité. « Plus la graine est sèche, et plus elle produit une huile qui a du goût » , insiste Olivier Robert. « L’huile de colza va par exemple développer des arômes de noisette ». Pour le tournesol, l’étape critique se situe plutôt au semis. La plante se sème dans des terres bien travaillées et bien réchauffées. « Il faut faire très attention aux limaces et aux oiseaux », affirme l’agriculteur. « C’est une surveillance permanente. Cela m’est déjà arrivé d’aller dans les champs trois à quatre fois par jour pour vérifier que tout allait bien ». Si les semis et la plupart des interventions sont effectués par les deux associés, la moisson est quant à elle déléguée à l’ETA voisine. Les rendements moyens des deux cultures se situent entre 35 et 40 q/ha.
Une production quotidienne
Une fois moissonnées, les graines sont passées deux fois dans un trieur « afin d’avoir une qualité irréprochable ». Elles sont ensuite stockées dans des cellules verticales étanches où elles seront ventilées pendant 3 semaines jusqu’à la stabilisation de la température. C’est seulement à partir de ce moment que les graines sont enfin pressées. Une fois extraite, l’huile est alors passée sous pression dans un filtre à plaques avant d’être embouteillée. Dans le petit laboratoire aménagé dans un bâtiment, la presse fonctionne quotidiennement. « Une tonne de colza ou de tournesol produit environ 350 litres d’huile », chiffre Olivier Robert. « Les coproduits comme le tourteau sont quant à eux vendus dans des fermes voisines pour l’alimentation des vaches ». Très prochainement, la gamme devrait s’élargir avec d’autres huiles issues de nouvelles plantes cultivées sur la ferme.
Développer l’agrotourisme
Depuis 5 ans, Olivier Robert est le président du réseau Bienvenue à la ferme Bretagne. Les agriculteurs qui y adhèrent ont la vocation de proposer des produits fermiers qualitatifs et également des séjours à la ferme. L’EARL Robert propose d’ailleurs des nuits atypiques dans une cabane dans les arbres, un tonneau géant en bois ou encore dans des chalets finlandais. Des salles de réception sont également disponibles pour des mariages par exemple. « C’est important de se diversifier tout en transmettant à nos clients les valeurs de notre territoire », conclut l’agriculteur.