Dossier technique

Une traite sereine sans tensions de contact

Très inconfortable lors de la traite, la présence de tensions de contact est à l’origine de changements de comportement des animaux.

ohmmeter 5699344 1920 - Illustration Une traite sereine sans tensions de contact
© ohmmeter 5699344 1920

« Du fait de leur très faible résistance corporelle, de l’ordre de 500 Ω en moyenne, les bovins sont une espèce très sensible au courant électrique. Peut-être la plus sensible », rappelle Daniel Le Clainche, expert technique traite et logement des animaux chez Innoval. En comparaison, les volailles présentent une résistance corporelle entre 20 000 à 30 000 Ω. Sans oublier que beaucoup de bovins évoluent dans un milieu « propice à la propagation des courants parasites » : sols toujours humides en salle de traite et en stabulation et présence d’électrolytes (matières organiques) dans les bouses favorisant la diffusion du courant. « À cela s’ajoutent – et cela ne va pas en s’améliorant – énormément de matériels électriques dans leur environnement. » Tout est sous tension : bloc traite, tank à lait et chauffe-eau, barrière poussante, porte de tri, racleurs, luminaires, brosses à vaches, repousse fourrage, robot collecteur de déjections, rideaux amovibles, brasseurs d’air… « L’automatisation peut ainsi constituer un risque électrique si on n’y prend pas garde. »

500 Ω, la très faible résistance corporelle moyenne d’un bovin

Évitement, dandinement, mauvais positionnement

Chez le bovin, le seuil de perception est en moyenne de 500 mV. « Au-delà de cette tension, il y a un impact sur le comportement des vaches. » Le premier effet notable est un comportement de réaction à la perception de courant : « Par exemple, des vaches qui ont des tremblements, qui tressaillissent, qui donnent des coups de pied, dont les poils se hérissent… » En présence de tensions de contact, le deuxième effet est un comportement d’évitement : « Des vaches qui refusent de rentrer en salle de traite, qui semblent jouer avec l’eau, qui ne fréquentent pas certaines zones ou certains équipements comme des logettes… » Le troisième effet renvoie à des comportements anormaux très spécifiques. « Ils sont observés principalement à la traite : des animaux qui présentent un mauvais positionnement sur les quais ou évitent de toucher certaines tubulures, qui dandinent d’un pied sur l’autre, des vaches qui présentent des traites incomplètes… » En plus de cet éthogramme comportemental caractéristique de la présence d’une tension de contact en salle de traite, d’autres indicateurs d’alerte qui ne sont pas spécifiques seulement à une problématique de courant électrique doivent être surveillés par l’éleveur : « vaches qui bousent, urinent, donnent des coups de pieds… mais peut aussi être présence de mouches, de mauvais réglages de la machine… »

Une et une seule prise de terre

Pour préserver la santé et les performances du troupeau, Daniel Le Clainche revient sur les précautions à prendre pour éviter l’apparition de tensions de contact. « La principale mesure préventive consiste en une bonne mise à la terre du bâtiment et des équipements d’élevage et donc bien sûr du bloc traite, on le répétera jamais assez. » Le spécialiste déplore « encore beaucoup d’erreurs » et des messages parfois contradictoires sur le terrain. « D’abord, il faut une et une seule prise de terre sur laquelle tout doit être relié : le bâtiment et sa structure ainsi que l’intégralité des équipements d’élevage. Ensuite, une prise de terre doit avoir une valeur de résistance la plus faible possible pour évacuer les courants de fuite – qui peuvent être générés par les équipements comme par exemple le bloc traite – c’est-à-dire inférieure à 18 Ω », martèle-t-il (voir encadré).

Un dispositif différentiel de 30 mA

Un défaut d’équipotentialité entre les équipements est également souvent relevé dans les exploitations. Daniel Le Clainche rappelle que tous les équipements doivent être reliés entre eux par des fils (jaune et vert), au bloc traite et à la terre. Bien réalisé, ce maillage permet d’évacuer rapidement vers la prise de terre les éventuels courants de fuite émis par les équipements en défaut. « Enfin, dernière mesure préventive, et pas des moindres, l’indispensable présence d’un dispositif différentiel de 30 mA – recommandation adaptée aux risques et équipements en atelier laitier – qui permet de couper l’alimentation électrique en cas d’anomalie sur un équipement », explique l’expert. « Or, dans certains élevages, l’interrupteur différentiel est à 100 milliampères, voire plus ! Quand il y a un courant de fuite, il n’y a donc pas de coupure et l’équipement qui dysfonctionne continue à générer des tensions de contact. Parlez-en à votre électricien. »

Diagnostic en élevage

Il faut un appareil et une habilitation spécifiques pour mesurer une résistance de prise de terre, rappelle Daniel Le Clainche. « Les techniciens le font systématiquement lors des contrôles Certitraite. Quatre conseillers sont habilités chez Innoval. Certains électriciens aussi. » Lors de leur intervention, ces personnes peuvent également rechercher les tensions de contact dans la salle de traite ou dans la stalle du robot : elles doivent être inférieures à 500 mV, seuil de perception de la vache. « Quand un éleveur signale des comportements anormaux des animaux, on mesure forcément pour confirmer ou infirmer l’hypothèse. S’il y a tension de contact, un équipement fuit quelque part et il faut l’isoler et le corriger. » Autre origine possible des tensions : la présence d’un poste de clôture dans la stabulation ou à proximité. « Un poste de clôture n’a rien à faire dans une stabulation où sont logés des animaux et encore moins dans un bloc traite. Il doit être positionné dans un hangar à fourrages ou à matériel. »


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