« Le destin des démocraties dépendra de leur capacité à produire et à faire circuler une information de qualité », écrivait dans une tribune du Monde, Gilles Marchand, membre exécutif de l’Union européenne de radio-télévision. C’était le 25 avril 2022. Prémonitoire ? Pas du tout … Il suffit de voir comment l’information éprouvée est fragilisée depuis quelques années avec le « bouillonnement des flux numériques ».
Certes Internet a amplifié la liberté d’expression, multiplié les sources et engendré de nouveaux canaux de diffusion, ce en quoi on ne peut que s’en féliciter dans une société libérale. Mais le dévoiement de l’information par négligence ou par intérêt est malheureusement devenu une pratique courante incompatible avec la probité, cette frontière intellectuelle et morale infranchissable dans une société démocratique.
L’agriculture n’échappe pas à cette altération volontaire de l’information. Elle s’infiltre à tout niveau. Des éléments de langage savamment étudiés pourvoient une rhétorique au service de communautés d’intérêts ou d’idéologies. Seule la connaissance permet de trier avec discernement le vrai du faux. D’où la nécessité de bien s’informer.
La désinformation agricole peut aussi servir des doctrines politiques. On l’a vu lors de la campagne des élections européennes ; on le voit pour ces législatives. Parce qu’elle est loin et quelque peu désincarnée, l’Europe est plus souvent qu’à son tour la cible de ces manigances. Consciente de l’enjeu de la désinformation et de la nécessité de nourrir l’esprit critique, l’Union européenne a mis en place, depuis quelques années, une rubrique de ‘fact checking’ (vérification des faits). L’agriculture est directement concernée. Avec quel effet sur le vote des citoyens face à l’effet démultiplicateur des applications comme TikTok ?