En quittant l’Union européenne, le Royaume-Uni a dû recréer de nombreux accords commerciaux, élaborés à la marge des accords européens, parfois à la hâte sans maîtrise de l’art des négociations, mettant sur certains points le pays en difficulté. Aussi, malgré l’engouement initial de retrouver une certaine indépendance, les accords de libre-échange avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont ébranlé la confiance accordée au Gouvernement. Si historiquement, ces pays sont importateurs d’agneaux, les quotas préexistants ont été relevés dans les nouvelles négociations. « Si ces deux pays préfèrent aujourd’hui vendre leur production en Chine, qu’en sera-t-il demain si l’empire du Milieu leur ferme les portes ? La filière ovine outre-Manche sera-t-elle sacrifiée ? », questionne Viviane Gravey.
L’agriculture souvent sacrifiée dans les accords de libre-échange
Négocier ne s’improvise pas
« Le poids de l’environnement est très fort, bien plus qu’en Europe. Pour ne pas se retrouver avec des produits importés ne respectant pas leurs exigences environnementales, le gouvernement s’est engagé auprès de la population sur la production de standards, sans l’inscrire dans la loi ». Et la volonté de montrer que le Royaume-Uni maîtrisait le processus de négociation – et qu’elle le ferait plus rapidement que l’Union européenne – s’est parfois retournée contre l’agriculture. Par exemple, les discussions sont en pause actuellement avec le Canada, qui veut imposer l’importation de bœuf aux hormones. « Et dans quelques semaines, avec peut-être un nouveau gouvernement, quelle sera la politique commerciale ? Quelles seront les priorités mises en place ? », s’interroge-t-elle.
Un contrôle des importations européennes difficile à mettre en place
Autre incertitude, celle de l’accès au marché européen. Avec le Brexit, le Royaume-Uni voulait reprendre le contrôle également de ses importations. Un choix qui s’avère être compliqué et coûteux. En avril, devaient démarrer les contrôles sur les produits venant d’Europe. Mais face aux craintes de retards que cela engendrerait sur les produits frais, aux risques de pénuries dans les rayons, à l’accroissement des problèmes de récolte liés au manque de main-d’œuvre dans les exploitations et dans les abattoirs… La date a été retardée pour la quatrième fois. D’autant plus que l’inflation, qui a fortement touché le pays, ne permet pas de laisser les prix fluctuer à la hausse pour continuer à attirer les fournisseurs étrangers de denrées alimentaires, pour assurer dans le temps la souveraineté alimentaire du pays.