Dossier technique

Le Brésil prend soin de sa terre depuis 1970

Ademir Calegari, agronome brésilien, a présenté l'état des lieux de l'agriculture de conservation des sols (ACS) dans son pays.

ver de terre - Illustration Le Brésil prend soin de sa terre depuis 1970
Le Brésil est le premier utilisateur mondial 
de produits biostimulants et de biocontrôle.

En raison de la forte détérioration de ses sols, le Brésil a dû faire face à un gros challenge agronomique à partir des années 1960. En effet, le labour systématique, la pluviométrie et l’absence de couverture végétale ont provoqué l’érosion des parcelles, la compaction des sols, la lixiviation des éléments nutritifs et la baisse de la teneur en matière organique. « La transition vers l’agriculture de conservation au Brésil a débuté en 1970 en s’inspirant de ce qui se faisait aux États-Unis et en Angleterre et en important des machines de là-bas », explique Ademir Calegari, agronome et chercheur brésilien. « Aujourd’hui, environ 40 % des terres du pays sont cultivées sans labour. Dans l’état du Paraná, d’où je viens, on est à 85 % ». Même les plus petites structures sont initiées à la technique, avec des méthodes adaptées à la traction animale et aux tracteurs de faible puissance. « Il faut réussir à collecter et connecter tous les éléments qui font qu’un sol fonctionne correctement », ajoute le chercheur.

L’agriculture de conservation fonctionne partout

Pas de recette miracle

« Il n’y a pas recette toute faite », insiste Ademir Calegari. « Chaque parcelle est différente. Il faut la diagnostiquer et adapter les solutions en fonction de sa problématique ». Par exemple, la présence de nématodes peut être corrélée à un sol trop compacté et trop acide, mais aussi à une rotation trop courte et à une mauvaise infiltration de l’eau. « Plutôt que d’utiliser des nématicides, il faut comprendre ce qu’il se passe réellement dans les champs et utiliser les couverts, les rotations et l’agronomie pour inverser la tendance. L’agriculture de conservation fonctionne partout. Il suffit d’observer et de prendre les bonnes décisions ».

La biologie est une alliée

D’après Ademir Calegari, l’utilisation des couverts végétaux couplée à celle de la biologie du sol permet d’obtenir des résultats agronomiques fulgurants. Le Brésil est d’ailleurs le premier utilisateur mondial de produits biostimulants et de biocontrôle. Les mycorhizes, par exemple, qui stimulent les échanges de nutriments au niveau des racines, peuvent être développées par des associations de céréales et de légumineuses. « J’ai vu des agriculteurs passer d’un apport de 100 kg de phosphore/ha à 30 kg suite à l’utilisation de mychorizes », déclare l’agronome. « Et le niveau de phosphore dans leurs sols continue d’augmenter ». Certaines enzymes, à l’instar de la phosphatase ou la β-glucosidase, permettraient quant à elles d’augmenter la matière organique sur le long terme.

Alexis Jamet

12 000 ha en ACS

Ademir Calegari a accompagné une ferme brésilienne de 12 000 ha ayant mis en place un système d’agriculture de conservation des sols. Les agriculteurs utilisent notamment de nombreux couverts végétaux, des biostimulants et de la biologie. « Le rendement moyen en soja sur l’exploitation est de 6 t/ha, contre 3 t/ha pour le reste du pays », indique le chercheur. « Pour les haricots, ils arrivent à produire environ 6 t/ha, ce qui est un record au Brésil » .


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