Dossier technique

L’eau de pluie pour abreuver les bovins, en test à Jalogny

Une récupération d’eaux de pluie dans des cuves en acier enterrées pour l’abreuvement des bovins est expérimentée à la station de Jalogny, au nord de Lyon. La gestion de la qualité sanitaire demeure coûteuse pour le moment.

20301.hr recadre - Illustration L’eau de pluie pour abreuver les bovins, en test à Jalogny
Deux cuves en acier ont été enterrées à côté des bâtiments d’élevage des jeunes bovins. | © 20301.hr recadre

Sur la ferme expérimentale de Jalogny (Ferm’Inov), en Saône-et-Loire, la question de l’approvisionnement en eau est une thématique travaillée dans le cadre du projet Cerceau. L’exploitation compte 100 vêlages par an en Charolaise sur deux périodes : fin août au 15 novembre – 15 janvier au 15 mars. « Toutes les femelles sont engraissées et les broutards mâles vendus au sevrage », précise Adrien Demarbaix, responsable exploitation et projets R & D.

Des essais sont aussi menés sur un atelier d’engraissement doté d’auges peseuses, accueillant entre 50 et 100 bovins/an, d’octobre à juillet. « Nous avons aussi une station d’évaluation de taureaux en race charolaise : 100 mâles reproducteurs sont présents sur la ferme de septembre à février. » Sur la SAU de 213 ha, il y a environ 20 ha d’essais de cultures de méteil ou sorgho, 10 à 15 ha de céréales pour l’autoconsommation et 165 ha sont en prairies naturelles.

Désormais, améliorer la qualité de l’eau stockée

Réduire les charges 

La ferme étant uniquement alimentée par le réseau (avec un coût proche de 3 €/m3), la facture annuelle d’eau était très importante, dépassant 15 000 €. « Ce coût mais aussi le changement climatique provoquant des sécheresses répétées, notamment dans notre zone climatique, nous ont amenés à nous pencher sur la consommation d’eau sur la ferme », souligne le responsable. Une problématique « qui concerne de nombreux éleveurs aujourd’hui. »

« En 2019, nous avons installé une quinzaine de compteurs à eau pour chiffrer la consommation des bovins, dans le cadre du 1er volet du programme Cerceau. Puis, dans le cadre du 2e volet, nous avons travaillé sur une logique de gagner en autonomie via la récupération des eaux de pluie, pour réaliser des économies. L’objectif est de s’en servir pour l’abreuvement des bovins en engraissement et des reproducteurs, le nettoyage du parc de contention et le remplissage du pulvérisateur. »

270 m3 de stockage

Deux cuves en acier, de 135 m3 chacune, ont été enterrées pour recueillir les eaux pluviales des trois bâtiments les plus récents (non amiantés). « Cela correspond à 3 000 m2 de surfaces de toit. Un nouveau bâtiment à venir augmentera la surface de 600 à 700 m2. Le fait d’avoir un équipement enterré permet de mieux maîtriser la qualité de l’eau, en maintenant une température constante. Cela prend aussi moins de place. » Les bâtiments bénéficient d’une double alimentation, l’eau du réseau pouvant à tout moment prendre le relais de la récupération.

Lancé en septembre 2022, le stockage d’eau a été dimensionné pour permettre 1 mois d’autonomie en cas d’absence de pluie. « La 1re année de fonctionnement a été compliquée. Les cuves ont mis du temps à se remplir. Et elles ont été vides en février 2023 du fait d’une pluviométrie insuffisante. » Sur cette 2e année, la pluviométrie a été abondante mais des problèmes de gestion de la qualité de l’eau ont été rencontrés. « Nous devons trouver des solutions pour améliorer la qualité avant stockage. »

Filtration et désinfection

La pluie s’écoule par les chéneaux via un réseau de récupération. Une grille (mailles de 4 mm sur 4 mm), régulièrement nettoyée, empêche les grosses impuretés d’entrer dans la cuve. Puis au moment du pompage avant abreuvement, une filtration a été mise en place. L’eau passe d’abord dans un filtre en liparite (coût de 3 300 € HT) qui élimine la matière organique en suspension. « Le nettoyage est automatique tous les 2 jours et le rechargement de liparite est à faire une fois par an. »

Puis, un 2e filtre papier est utilisé (filtre Cintropur, 780 € HT actuellement) dont la chaussette est à changer tous les 2 mois (une pochette de 20 chaussettes de filtration coûte environ 150 €). Ensuite, une pompe doseuse (Dosachlor, 1 690 € HT) injecte un désinfectant – dioxyde de chlore – pour garantir la qualité sanitaire. En outre, une analyse d’eau (50 €) est réalisée chaque mois.

Filtrer avant stockage

« La mauvaise qualité de l’eau a engendré un coût de traitement par la pompe doseuse important, proche de 1 €/m3, ce qui nous a amené à arrêter l’abreuvement en attendant de trouver une solution pour améliorer la qualité de l’eau stockée. L’objectif est de ne pas dépasser 50 cts €/m3 en coût de traitement », note Adrien Demarbaix. « Nous avons décidé de mettre en place des actions pour faire venir une eau de meilleure qualité dans les cuves et avoir ainsi moins de matières organiques dedans. 
Grâce à un système bipass, les premiers millimètres de pluie pourraient être écartés. Une filtration ou une décantation avant stockage sont également envisagées »
, souligne le responsable. « Nous conseillons d’ailleurs de mettre en place une filtration avant stockage et de réaliser au minimum 2 analyses par an. »


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