« Mes grands-parents étaient agriculteurs à Plouisy, ils sont venus ici à Lanmodez pour y passer leur retraite. C’est un secteur où il y a une belle ressource en ormeaux, mais ça n’est que très récemment que je me suis intéressée à la coquille de ce mollusque marin qui cache une magnifique nacre. L’ormeau c’est très bon mais c’est surtout très beau. Ce qui est assez bouleversant c’est que cette nacre ne se révèle à la lumière qu’une fois l’ormeau mort », raconte Marianne Trouillet de Lanmodez (22). Cette femme, artiste dans l’âme, qui était passionnée par le dessin plus jeune n’a retrouvé ses crayons et pinceaux qu’au moment du confinement pendant la période Covid. Cette reprise d’une activité artistique par la toile a vite dévié sur l’envie de travailler cette coquille d’ormeau. « Je voulais mettre en lumière cette coquille et cette nacre sortant du fond de la mer. »
Chaque ormeau est différent
Trouver le matériel adapté
Marianne avait chez elle un stock de coquilles d’ormeaux pour se lancer, puis elle en a récupéré auprès de sa famille et ses amis par la suite. Après un nettoyage, elle attaque le ponçage de la partie extérieure de la coquille à l’aide d’une petite ponceuse multi-usage. « L’idée est d’enlever cette partie calcaire pour ne conserver que la nacre. Quand j’ai débuté en juillet 2022, je n’ai fait que du ponçage pour acquérir les bonnes techniques, me créer du stock, trouver le matériel adapté pour pouvoir aller le plus vite possible et le tout sans casser les coquilles. » N’ayant pas encore d’atelier, Marianne s’installe dans son garage en l’ouvrant en grand afin que la poussière s’évacue facilement. « Aujourd’hui, avec l’expérience, lorsque je ponce, je sais quand j’arrive sur la nacre car l’odeur change. L’étape suivante est le polissage de la nacre pour la rendre la plus uniforme possible et faire disparaître les traces de ponçage. »
Mettre en avant des coquilles entières
Après avoir constitué son stock, Marianne s’est demandé comment elle allait valoriser cette nacre pour lui offrir sa seconde vie. « J’ai tout d’abord commencé par la création de bijoux. Je me suis vite rendu compte que la nacre était beaucoup travaillée pour ce genre de créations et je voulais vraiment me démarquer. J’avais aussi l’envie de pouvoir mettre en avant des coquilles entières. C’est là que m’est venue l’idée d’utiliser la nacre pour créer des luminaires, des cadres de tableaux, des paravents, des lampes d’ambiance… » Marianne crée selon ce qu’elle trouve et ses envies, comme cette partie d’une ancienne barrique avec son cerclage métallique dans lequel est installé un ruban de Led qui révèle des ormeaux entiers tournant à l’intérieur. L’artiste aime jouer sur la transparence de cette coquille qui lui fait penser à de la dentelle. « Chaque ormeau est différent. Certaines nacres sont bleutées, d’autres mauves, roses ou encore blanches. La couleur change suivant d’où viennent les rayons du soleil. » Au fur et à mesure du temps et des rencontres, l’artiste invente de nouveaux objets. Dernièrement, elle s’est lancée dans la fabrication de planches à découper en noyer et en acacia avec à l’intérieur un ormeau et des pierres d’améthyste – ramassées dans un endroit qu’elle tient secret en Bretagne – qu’elle fige dans la planche à l’aide d’une résine. « Un objet qui va certainement plaire aux restaurateurs du coin qui proposent des ormeaux à leur carte. »
Bientôt un bac de collecte pour les coquilles
Marianne Trouillet est toujours à la recherche de coquilles d’ormeaux. Elle envisage de mettre un bac dédié à la collecte des coquilles près de sa maison pour que les personnes ayant des coquilles puissent venir les déposer facilement et ainsi contribuer aux futures créations de l’artiste. Il est aussi possible d’envoyer un mail pour convenir d’un rendez-vous pour déposer des coquilles ainsi que pour visiter l’atelier et le show-room.