Une filière attractive et durable

Avec son engagement de responsabilité sociétale, la filière porcine se projette à 2035 avec des objectifs précis à atteindre en matière de souveraineté alimentaire, d’attractivité du métier, d’environnement, de sécurité sanitaire et de bientraitance animale.

truie avec ses porcelets dans une maternité bien-être - Illustration  Une filière attractive et durable
L’objectif de 50% des truies en bâtiments liberté représente un investissement de 1 milliard d’euros pour les éleveurs.

La consommation globale de porc en France repart à la hausse avec + 1,6 % sur les 2 premiers mois de l’année 2024, portée par la restauration hors-domicile. « Cependant, la progression ne profite pas à la filière française, confrontée à l’effritement de son taux d’auto-approvisionnement, qui est passé sous la barre des 100 % en début d’année alors qu’il était encore à 101 % en janvier 2023. Les importations progressent davantage que les exportations et la balance commerciale se dégrade », constate Anne Richard, directrice de l’Inaporc.

Élaborer un indicateur pour suivre l’origine du porc consommé en RHD

Des objectifs chiffrés pour 2035

Face à la menace d’un afflux d’importations à bas coût de moindre qualité, « la filière française prend son avenir en main et décide d’unir ses forces pour rebondir en établissant une stratégie commune qui vise à développer notre modèle singulier pour assurer notre avenir », lance Philippe Bizien, président d’Inaporc lors de l’assemblée générale de l’interprofession nationale porcine qui s’est déroulée à Angers le 12 juin. Cela se traduit par le lancement de la démarche collective de responsabilité sociétale des organisations (RSO) appelée ‘Demain le porc’ et construite avec les différents acteurs de la filière, allant de l’amont à l’aval. Cet outil structurant fait un état des lieux des principaux atouts de la filière. Il définit ensuite les enjeux prioritaires sur lesquels sont basés les 5 piliers de la démarche. Ces piliers reposent sur des engagements, articulés autour d’une trajectoire et d’objectifs chiffrés à atteindre pour 2035.

Garantir la souveraineté alimentaire

Le premier pilier repose sur la souveraineté alimentaire et vise à agir pour une offre suffisante de porc français rentable et équitable. Les objectifs à 2035 sont au moins 100 % d’autosuffisance pour garantir la souveraineté alimentaire et au moins 50 % de produits porteurs du logo Le Porc Français en rayon. « D’ici à 2025, nous allons élaborer un indicateur spécifique pour suivre l’origine du porc consommé en RHD, afin de quantifier la proportion de porc français servie par ce débouché, dont la part augmente. Pour 2027 nous allons rédiger un guide de la contractualisation en filière porcine pour sécuriser les contrats, qui lient a minima éleveurs, coopérative, entreprise d’abattage et parfois même entreprise de charcuterie et distributeur », indique François Valy, vice-président d’Inaporc. Le deuxième pilier orienté autour de l’attractivité de la filière se penche sur le renouvellement des générations et l’amélioration des conditions de travail. Les objectifs à 2035 : 100 % des élevages porcins transmissibles repris et 100 % des indicateurs du baromètre interprofessionnel de qualité de vie au travail doivent être atteints. « Dès 2025, nous allons créer ce baromètre interprofessionnel de qualité de vie au travail pour couvrir chacun des maillons de la filière porcine. Ça sera aussi l’année de la création d’un diagnostic de transmissibilité des élevages et d’identification des leviers financiers potentiels à la transmission des exploitations. En 2027, un centre de ressources éducatif en ligne permettra aux jeunes qui souhaitent s’orienter vers les métiers de la filière de trouver des stages, des formations », explique David Riou, coprésident de la démarche RSO d’Inaporc. Le pilier protection de l’environnement est axé sur la lutte contre le réchauffement climatique. Les objectifs à 2035 : – 25 % de gaz à effet de serre pour la filière, – 25 % d’émissions d’ammoniac pour les élevages, 90 % de matières recyclées dans les emballages, optimisation des ressources en énergie et en eau. « Cela se traduit dès 2025 par 100 % des nouveaux bâtiments d’élevage équipés d’un moyen de décarbonation : système de récupération du biogaz, formulation de l’aliment, amélioration de l’IC… 100 % du soja de l’alimentation des porcs sans déforestation. Nous allons élaborer un indicateur de suivi de la consommation d’énergie nette de la filière », décrit Philippe Duriez, coprésident de la démarche.

50 % des truies en bâtiment liberté

Pour le pilier sécurité sanitaire les objectifs à 2035 reposent sur 100 % des élevages audités en matière de biosécurité, la poursuite de la réduction de l’utilisation des antibiotiques, la réduction de la teneur en nitrites des charcuteries et le renforcement de la maîtrise sanitaire de la filière. Le dernier pilier se penche sur la bientraitance animale. Les objectifs fixés à 2035 sont pour l’élevage : 50 % des truies en bâtiments liberté ; dans le transport : 100 % des camions équipés de dispositifs adaptés pour renforcer le confort des porcs pour les trajets supérieurs à 4,5 heures ; dans l’industrie : 100 % des porcs abattus dans des abattoirs ayant réalisé un diagnostic interprofessionnel de bientraitance animale. Caroline Tailleur, directrice adjointe d’Inaporc, précise : « Dès 2025, tous les nouveaux bâtiments devront inclure la mise en liberté des truies dans leur conception. En 2027, nous allons diffuser un guide de bonnes pratiques de transport des porcs par temps chaud. » Et Philippe Bizien de chiffrer pour conclure : « L’objectif de 50 % des truies en bâtiments liberté représente un investissement de 1 milliard d’euros pour les éleveurs. »

Nicolas Goualan


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