« Dès 2019, nous avons vu arriver des exosquelettes en élevage laitier notamment pour soulager les éleveurs et salariés lors de la traite. Les éleveurs de porcs se sont alors posé des questions sur d’éventuelles possibilités d’utilisation en production porcine. Nous avons travaillé le sujet avec le LIT Ouesterel et la MSA d’Armorique qui a permis de lancer une étude grâce à sa forte participation financière », indique Caroline Depoudent, conseillère en production porcine à la Chambre d’agriculture de Bretagne. La réflexion est partie du constat que sur un élevage de 250 truies en 7 bandes avec sevrage à 28 jours et 13 porcelets sevrés par truie, une opération de vaccination sur 468 porcelets de 7,5 kg de moyenne nécessite de porter 3,5 tonnes. L’aide de l’exosquelette est tout à fait justifiée sur cette opération.
Des tiges en carbone ou des élastiques
« Nous avons lancé une étude pour évaluer l’impact de 2 modèles d’exosquelettes dos sur les conditions de travail lors de séances de vaccination sur des porcelets. L’idée était d’obtenir des réponses sur le temps et l’organisation du travail, le confort et le ressenti de l’utilisateur, l’intensité de l’effort global et des efforts musculaires au niveau du dos », décrit Caroline Depoudent. L’exosquelette Hapo d’Ergosanté qui est équipé de tiges en carbone pour une assistance sur l’avant a été comparé au Liftsuit d’Auxivo qui lui est équipé d’élastiques pour alléger l’effort sur l’arrière de l’utilisateur. Ce sont des exosquelettes passifs, sans moteurs, légers mais avec une assistance limitée. Les 2 exosquelettes ont été testés en situation contrôlée avec des exercices statiques et dynamiques avec des poids puis en situation de travail avec le port de porcelets lors de la vaccination selon la technique habituelle par des éleveurs et salariés expérimentés.
Plus de mal que de bien
En situation contrôlée, l’utilisation de l’exosquelette permet de réduire les efforts au niveau du dos de 5 à 15 % selon les utilisateurs et le modèle. Un report d’effort s’effectue sur l’avant ou l’arrière des cuisses selon le modèle. En situation de travail, lorsqu’il faut attraper et porter les porcelets lors de la vaccination, l’effort au niveau du dos est supérieur avec l’exosquelette et varie de + 16 à + 37 % selon le modèle d’exosquelette. « Les exosquelettes ont été développés pour travailler sur du port de charge se situant en face de l’opérateur ce qui explique sûrement que lorsque l’on doit attraper un porcelet en mouvement ils ne remplissent plus leur rôle. Ces modèles d’exosquelettes ne sont pas adaptés à la production porcine. Pour soulager vraiment les opérateurs il faudrait que les fabricants travaillent à développer un modèle spécifique à l’élevage porcin en se basant sur les spécificités liées au vivant. Dans une démarche de prévention, il faut privilégier les équipements qui évitent de porter les porcelets », conclut Caroline Depoudent.
Nicolas Goualan
Un 3e exosquelette testé prochainement
Un nouveau modèle d’exosquelette va être testé prochainement sur la station porcine de Crécom. « C’est le harnais Corfor qui est très simple car ce n’est que du textile élastique. Il se peut que l’assistance ne soit pas très forte mais il offre l’avantage de ne pas gêner l’opérateur lorsqu’il sera en situation de travail. Il est aussi moins cher de l’ordre de 250 € alors que les 2 autres modèles testés sont entre 950 € et 1 250 €. »