En 1979 se déroulaient les premières élections au Parlement européen. Parmi les députés élus figurait entre autres Simone Martin. Vice-présidente du CNJA, elle faisait partie de ce premier Parlement élu, présidé par Simone Veil, grande défenseuse de la cause des femmes. Un appui de poids pour cette agricultrice de Haute-Marne qui bataillera pour une reconnaissance d’un vrai statut d’agricultrice. Au travers de son combat, elle y voit une solution pour atténuer l’exode de 50 000 femmes qui quittent alors la campagne chaque année. Un dépeuplement qui impacte directement la natalité dans les fermes et hypothèque le renouvellement de la génération à venir, c’est-à-dire l’actuelle. Simone Martin le répétait déjà inlassablement : « La politique d’installation est le problème qui risque de devenir prioritaire ». Un message pas facile à faire passer à l’époque où l’agriculture était vue comme une affaire d’hommes. Il faut d’ailleurs attendre 1988 pour que les femmes aient droit à la DJA. Trop tard…
Leurs enfants ne sont plus là non plus pour reprendre le flambeau.
L’absence de vision à long terme transpire aussi en ce qui conerne l’instauration des quotas laitiers en 1984. Certes le contingentement avait une dimension éminemment sociale à destination des éleveurs déjà en activité, mais ce plan européen ne contenait aucune disposition d’accompagnement de toute une génération d’enfants d’agriculteurs nés dans les années 60-70. Toute cette génération de jeunes déçus de ne pouvoir s’installer a quitté définitivement l’agriculture. Leurs propres enfants ne sont plus là non plus pour reprendre le flambeau.
La France n’est pas isolée face au défi du renouvellement des générations. Dans une projection à moyen terme, la Commission européenne estime que le nombre d’agriculteurs en Europe va diminuer plus rapidement encore, au rythme de 1 % par an. Les causes sont connues. Des mesures ambitieuses sont-elles capables d’inverser la tendance ? Encore faut-il vraiment le vouloir…
