Il est toujours éclairant d’analyser l’actualité au travers du prisme du temps long. Prenons l’exemple des contestations –perçues aujourd’hui comme baroques – qui ont accompagné l’avènement du tracteur dans les années 50. Certains paysans refusaient de remplacer leur cheval au motif que le tracteur écraserait les vers de terre ce qui nuirait à la fertilité du sol.
Plus proche de nous, les éleveurs de porc se souviennent aussi des réticences à élever les gestantes en groupe. Aujourd’hui, ce mode d’élevage est plébiscité. La semaine dernière Inaporc a fixé un cap supplémentaire de 100 % des nouveaux bâtiments équipés de cases maternité liberté. Il y a quelques années le scepticisme dominait aussi vis-à-vis de cette technique.
Autre exemple de réticence qui a fini par voler en éclat : l’usage préventif des antibiotiques. Aujourd’hui, les éleveurs vantent les bénéfices des « aliments blancs » et sont fiers d’être acteurs des jambons estampillés « sans antibiotique ». Tout ceci en se gardant la possibilité, évidemment, d’utiliser ce médicament merveilleux pour le soin curatif.
L’approche pesticides en agriculture mérite d’être éclairée à la lumière de ces exemples. Il ne s’agit pas de s’interdire tout recours à des produits phytosanitaires mais de se projeter, encore une fois, sur le temps long. Et de de transformer les restrictions déjà tracées et inévitables en challenge de l’innovation biologique et technologique. Les travaux scientifiques foisonnent de solutions inédites applicables dans le domaine du vivant. Et à cet égard, les systèmes de polyculture-élevage pratiqués en Bretagne ont des atouts indéniables. Les serristes bretons ont parfaitement compris l’enjeu et le sens de l’histoire. Prince de Bretagne, Savéol et Solaren se sont associés pour communiquer sur leurs tomates sans pesticides qui représentent désormais 70 % de la production régionale.