Le résultat courant 2023 recule de 22 € par 1 000 litres comparé à l’année précédente. Cela ne provient pas des produits, en hausse de 40 €. Le prix du lait monte de 16 €, celui des réformes de 200 € par animal. La faute revient donc, aux charges, avec notamment + 16 € sur l’alimentation et + 11 € sur la mécanisation.
Des revenus stables
Ce résultat économique reste relativement stable comparé à celui des éleveurs conventionnels qui joue les montagnes russes depuis la fin des années 2000. Il est réalisé avec des volumes 1,5 fois plus faibles et qui ont peu augmenté : en dix ans, + 10 % de lait par personne pour les bio, contre + 40 % pour leurs collègues. Sur la période 2014-2023, le revenu moyen des éleveurs bio est supérieur de 2 000 € à celui des conventionnels, et même de 7 000 € si on considère la période 2014-2021, c’est-à-dire en excluant les années 2022 et 2023. Celles-ci ont vu les revenus des laitiers non bio atteindre enfin des niveaux satisfaisants. Cet écart de résultats en faveur du bio a été à l’origine de la forte hausse des conversions à partir de 2016 et de l’afflux de lait bio dans les laiteries.
Renversement de situation
Le marché de la consommation bio chute depuis plus de deux ans, pris dans la tourmente de l’inflation alimentaire. La filière classique commence, elle, à manquer de lait suite aux nombreux arrêts d’élevage, d’où une hausse de son prix quand celui du lait bio n’arrive plus à suivre la flambée des charges. En 2023, le revenu au litre de lait des exploitations bio est passé en dessous de celui des conventionnelles. Une hausse des volumes par exploitation pour compenser une baisse de revenu au litre de lait est souvent difficile à envisager car la rentabilité des systèmes bio repose sur leur autonomie, en particulier alimentaire. Leur productivité, animale comme végétale, est donc limitée.
L’équilibre offre/demande du marché semble commencer à se rétablir grâce à un ralentissement de la baisse de la consommation et une diminution de la production. Prochain défi à relever, celui du renouvellement des générations car à défaut, la filière pourrait rapidement passer de trop à pas assez de volumes.
Anne Bras / Cerfrance Bretagne