Des kilomètres et des dessins

Jérémy Bezard se définit comme un artiste nomade « touche à tout ». En 2015, il entreprend un voyage à vélo en Amérique du Sud pendant lequel son art lui a permis de subsister.

Jéremy Bezard dans son jardin - Illustration Des kilomètres  et des dessins
Jérémy Bezard. | © Jérémy Bezard

Dans son atelier situé dans le garage de sa maison à Chavagne (35), on trouve un peu de tout. Du matériel de dessin et de peintures, des gravures sur lino, des photos, une presse typographique à cylindre ou encore une graveuse laser. Tout ce bric-à-brac traduit l’esprit créatif intarissable de Jérémy Bezard. « Je dessine depuis que je suis tout petit. Plus jeune, je voulais d’ailleurs être architecte mais je n’avais malheureusement pas le niveau scientifique malgré mon bon niveau en dessin. » Après un BEP de dessinateur en architecture et un bac général génie civil, le Pleurtuisien se lance dans le design auto et moto pendant quelques années. En 2010, il décide d’arrêter, notamment en raison du manque de liberté créative. « Par la suite, j’ai redécouvert le plaisir de travailler avec les matières, à mélanger les couleurs, à utiliser différents outils autres que la tablette graphique. » Jérémy Bezard monte alors un atelier-galerie à Dinard. « Je m’éclatais dans mon travail mais je manquais de trésorerie et il était difficile de se faire une clientèle. À 30 ans, j’ai fait ma crise et j’ai décidé de partir en Amérique du Sud à vélo. À l’époque, je n’étais pas sportif, je n’avais quasiment jamais fait de vélo et je ne parlais pas espagnol. »

Mes dessins étaient ma seule source de revenu

Des débuts difficiles

En 2015, le Bretillien jette son dévolu sur un vélo cargo, conçu pour transporter des marchandises. Une malle de 100 litres fixée à l’avant contient alors tout son équipement. Le convoi pèse une quarantaine de kilos. « J’ai pris l’avion en septembre 2015 de Madrid », se souvient Jérémy Bezard. « J’ai fait le trajet depuis Saint-Malo à vélo. 1 500 km à faire en deux semaines. Avec le recul, je suis parti sans aucune préparation. J’avais sous-estimé le poids du vélo et pris beaucoup trop d’affaires avec moi. J’étais un vrai novice. » Une fois arrivé à Lima, au Pérou, le vrai challenge commence. La route vers Cusco nécessite de gravir une partie des Andes, dont des cols à 4 000 m. « Après ça, plus rien ne te fait peur », souligne le voyageur.

Une pizza et un litre de bière

Après plusieurs mois, les économies ont fondu comme neige au soleil et le compte en banque arrive dangereusement vers zéro. « À ce moment, je me suis dit que l’aventure commençait vraiment », se remémore l’artiste. Ayant empaqueté son matériel de dessin, il décide alors de raconter son aventure via des esquisses en format carte postale. Chacune est réalisée d’après ses photos, ses souvenirs ou quelques fois en direct. « J’ai créé des pochettes contenant 3 dessins et un texte en espagnol expliquant la démarche de mon voyage », explique Jérémy Bezard. « J’allais de table en table dans les restaurants pour les vendre, ce qui est plutôt répandu en Amérique du Sud. Dès le premier soir, j’ai cartonné et j’ai compris que je pouvais pérenniser mon périple. » Chaque pochette est vendue au prix symbolique « d’une pizza et d’un litre de bière » soit environ 25 €. En tout, le Pleurtuisien est resté 3 ans en Amérique du Sud et a parcouru plus de 20 000 km à vélo, roulant sur les sols argentins, chiliens, brésiliens et guyanais. « Mes dessins étaient ma seule source de revenu pendant tout ce temps », affirme-t-il.

Monochrome

Jérémy Bezard est adepte de noir et blanc et de traits fins. Il travaille avec des feutres dits ‘fine liners’, dont l’épaisseur varie de 0,03 mm à 3 mm, des crayons de couleur blancs et noirs, des critériums et de l’encre de chine.

« Aujourd’hui, je vis toujours de mes dessins. Chaque œuvre coûte désormais 50 € car je veux garder le côté populaire et je ne souhaite pas de clientèle élitiste. »

Alexis Jamet

Exposer son travail

L’artiste présentera son travail du 5 au 11 août pendant l’exposition Léz’Arts en été.L’évènement se tient du 8 juillet au 1er septembre à l’espace culturel de Saint-Jouan-des-Guérets (2 place de l’église). Pendant l’été, les visiteurs pourront observer peintures, scupltures, photographies ou encore enluminures.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article