À la fin de semaine dernière, aucun blé panifiable biologique n’avait encore été moissonné sur le secteur du Finistère. Toutefois, en regardant les cultures, « on observe des disparités entre les blés d’hiver et ceux de printemps, plus prometteurs et moins malades », décrit Colette Quatrevaux, conseillère en agriculture biologique et en agronomie pour la Chambre d’agriculture. Ces céréales de printemps s’en sortent mieux grâce à un cycle de culture plus court qui laisse moins de temps aux adventices pour se développer, et elles s’apprêtent mieux à du désherbage mécanique que leur cousin d’hiver, surtout dans une campagne pluvieuse comme l’hiver dernier. 2024 profite donc à cette culture de printemps, les grains « peuvent faire de bons taux de protéine ». Sains, ces blés tirent leur épingle du jeu face aux blés d’hiver, plus touchés par de la septoriose qui limite la photosynthèse et ampute forcément le rendement. Les premières récoltes de blé seront réalisées en cette fin de mois. Les rendements sont pour l’instant estimé en AB à 30 quintaux en blé d’hiver, de meilleures perspectives sont attendues avec 40 à 45 quintaux pour les cultures de printemps.
En agriculture biologique, pour permettre aux céréales de produire de la protéine, certains producteurs nourrissent leurs cultures en introduisant une légumineuse type luzerne dans leur rotation 2 ans avant d’implanter une céréale, qui bénéficiera alors de reliquats azotés.
Avec les pluies récurrentes, le salissement peut être important dans les champs, notamment envahis par de la vesce, ce qui ne simplifie pas le battage. « On peut la trier après récolte, mais cela nécessite plusieurs passages, ce qui engendre temps de travail et coût ». Ces grains de vesce doivent impérativement être retirés de la récolte, sous peine de donner un goût amer à la farine. La parade peut venir avec une récolte décomposée, le fauchage/andainage permettant de réaliser un premier tri au champ. Les yeux se tournent désormais vers le ciel, les producteurs espérant ne pas revivre le même scénario que l’an passé, où les grains avaient germé sur pied et avaient par conséquent déclassé les lots.
Fanch Paranthoën
Des blés qui commencent à travailler
En Charente-Maritime, on s’inquiète à la fois pour les rendements et la qualité. Un premier bilan à la Minoterie de Courçon (17) où son directeur, Christophe de Hercé, explique que les taux de protéines pâtissent d’une moindre absorption de l’azote due au lessivage. « Certains blés semblent déjà avoir ‘travaillé’ : un phénomène illustré par une baisse du temps de chute de Hagberg ». Un contexte qui pourrait compliquer le travail des meuniers. « 100 % de nos blés, soit 8 000 t, sont destinés à la meunerie. Si nous n’avons pas les qualités requises (au moins 76 de PS, 11 de protéines, et 220 s de temps de chute de Hagberg), il faudra aller en chercher ailleurs ! »