Marchés mondiaux de la viande bovine : La hausse de la production se fait sans l’Europe

Après le déséquilibre entre offre insuffisante et demande dynamique, le marché de la viande bovine se détend en 2023. L’Union européenne poursuit une baisse tendancielle, alors que l’Australie, l’Argentine et l’Inde reviennent en force sur la scène mondiale.

Prim'Holstein et Charolaises au pâturage avec un champ de maïs derrière - Illustration Marchés mondiaux de la viande bovine : La hausse de la production se fait sans l’Europe
Dans l’Union européenne, en 5 ans, le nombre total de vaches, allaitantes 
et laitières, a chuté de 5 %. | Agnès Cussonneau - Paysan Breton

Porté par une demande croissante sur le marché international, le cheptel planétaire de bovins et buffles est en hausse, « de près de 1 % par an sur les 10 dernières années et la production mondiale de viande suit la même tendance », a chiffré Caroline Monniot, de l’Institut de l’élevage, lors de la conférence ‘Marchés mondiaux lait et viande’ du 11 juin. En revanche, « sur l’Union européenne (UE) et en Amérique du Nord, la production de viande bovine est en repli. »

Et l’UE poursuit cette tendance avec des prévisions d’abattages en baisse de 1 % en 2024 par rapport à 2023 (qui s’ajoutent à près de – 3 % sur la campagne précédente). « Une baisse de la demande est observée sur l’Europe en lien avec la chute du pouvoir d’achat », note Caroline Monniot. En 5 ans, le nombre total de vaches, allaitantes et laitières, a chuté de 5 %, et de 10 % en 15 ans. De l’autre côté de l’Atlantique, « la décapitalisation observée aux États-Unis et au Canada est due au climat » : ces zones connaissent désormais des sécheresses et chaleurs intenses.

Le climat va entraîner des instabilités

Retour massif des importations en Turquie

En revanche, les exportations de viande bovine de l’UE sont stables grâce à la demande turque qui s’est fortement accrue sur 2023. « Pendant 4 ans, la Turquie avait suspendu ses achats de bovins vifs pour soutenir sa filière nationale, mais elle a fait marche arrière en 2023 pour pallier le manque de viande bovine. Les climats et sols variés de ce pays ainsi que le défi de l’eau compliquent la production locale. La Pologne mais aussi la France y exportent de la viande et des animaux en vif. » L’Amérique du Sud y est également présente. « Certains opérateurs de cette zone sont organisés pour répondre de manière réactive aux opportunités des différents marchés. »

De son côté, l’Algérie demeure un gros importateur de bovins reproducteurs et de broutards français mais la présence de MHE (Maladie hémorragique épizootique) dans notre pays a limité ce marché en 2023. « En remplacement du vif, le pays a eu recours à des importations de viande brésilienne et surtout indienne », note Maximin Bonnet (Idele).

L’accroissement de l’autosuffisance alimentaire reste un objectif pour ce grand pays au climat méditerranéen près de la côte et désertique dans les terres. La quête d’autonomie se fait « au prix de la consommation qui a été réduite de 5,1 kg équivalent carcasse (kgec) par habitant et par an en 2019, à 3,3 kgec en 2023. » L’État incite à la mise en place de productions d’ensilage enrubanné dans le Sud. Un projet de méga ferme de 270 000 vaches laitières est aussi signé avec le Quatar. Mais la gestion de l’eau sera forcément un défi de taille. En Égypte, gros importateur également, ce sont plutôt les Indiens et les Brésiliens qui se positionnent sur le marché de la viande, avec une dynamique de prix bon marché.

Brésil et Chine accroissent leur production

Globalement sur 2023, le Brésil et la Chine accroissent leur production et l’Australie et l’Inde reviennent sur l’export. Le Japon et la Corée développent aussi leur production. Dans le même temps, les États-Unis et la Chine augmentent leurs achats. L’année est aussi marquée par une reprise des échanges de bovins vivants. « Les États-Unis et la Turquie ont fortement augmenté leurs importations. L’Australie, le Brésil et le Mexique avaient des disponibilités pour exporter. » Depuis 2016, « les flux internationaux de viande bovine se sont intensifiés », fait remarquer Caroline Monniot. Les perspectives pour 2024 indiquent des hausses de production au Brésil, au Mexique, en Inde, en Chine et en Australie.

Agnès Cussonneau

Accords de libre-échange nombreux

Opinion : Boris Duflot
Directeur du département économie de l’Institut de l’élevage

Du fait de l’inflation et des tensions géopolitiques, 2023 a été marquée par un repli du commerce international dans son ensemble de – 1,2 % (- 5 % en valeur), par rapport à 2022. On observe une régionalisation sur l’ensemble des marchandises avec des flux sur les longues distances moins importants. L’Europe notamment est peu dynamique aussi bien au niveau des importations que des exportations. Mais elle s’investit dans des accords de libre-échange toujours plus nombreux avec ses partenaires commerciaux. Les contingents bilatéraux dépassent les 130 000 t en viande bovine et s’ajoutent aux contingents multilatéraux. De nouvelles concessions potentielles sont à venir avec le Chili, le Mexique et le Mercosur. Et les mesures miroir sont encore inopérantes.


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