Pas de fleurs pour le 14 juillet

Les cultures sont en retard cette année à cause de semis plus tardifs, mais surtout en raison d’un manque de somme de température. Mais rien n’est encore joué.

Champ de maïs - Illustration Pas de fleurs pour le 14 juillet
Les différences de date de semis sont flagrantes sur cette parcelle : à droite, un maïs semé autour du 8 mai, à gauche une culture implantée en juin.

La hausse des températures se fait attendre… Du 25 avril jusqu’au 7 juillet, la somme des températures (base 6°C-30°C) a été de 292 °C à Commana (29) ou de 357 °C à Fouesnant (29). Bien loin des 800 à 890 °C degrés nécessaires suivant les précocités pour qu’un maïs atteigne le stade floraison.

Toujours dans le Finistère, dans Pays Bigouden, les dates de semis ont en partie été respectées ; mais d’autres parcelles n’ont pas eu cette chance. « Il a fallu attendre le retour de bonnes conditions », résume Sophie Bourhis, conseillère agronomie à l’antenne de Quimper pour la Chambre d’agriculture. « Mais je reste prudente : le maïs est une culture mathématique. On peut connaître dans les semaines à venir de la chaleur. C’est une culture extraordinaire qui répond, contrairement aux céréales à paille qui, si une période de culture est ratée, ne compensera pas. »

Il manque 100 °C par rapport à l’an passé selon l’outil Pilote maïs

11 jours de retard

En Ille-et-Vilaine, « la météo pluvieuse a entraîné cette année des semis plus tardifs, en moyenne au 23 mai, en retard de 11 jours par rapport à l’an passé », détaille Laurent Mériaux d’Eilyps, se basant sur les informations de Pilote maïs, service lancé en 2023 qui permet le suivi des parcelles de maïs et la prévision de date de récolte. Il concerne environ 500 éleveurs bretilliens (13 000 ha). « 1/3 des semis ont été réalisés après le 1er juin, alors que l’an passé, il n’y en avait que 2 %, qui pouvaient être des re-semis. » Côté amplitude, 47 % des agriculteurs ont étalé leurs semis sur 15 jours minimum (30 % sur 3 semaines).

Alimenté par des données météo et des images satellites, l’outil Pilote maïs chiffre aussi le fort retard de températures : – 100 °C (en base 6-30) par rapport à l’an passé et – 50 °C par rapport à la moyenne sur 10 ans. « Les images satellites montrent toutefois un bon développement de la biomasse pour les parcelles semées sur la première quinzaine de mai. Sur les semis plus tardifs, le développement est bien freiné par le manque de température mais rien n’est perdu », ajoute Laurent Mériaux.

Du maïs qui couvre le rang et du 4 feuilles

Dans les Côtes d’Armor, l’année est assez atypique car il est rare d’avoir des maïs qui couvrent le rang avec d’autres qui atteignent à peine le stade 4 feuilles. Il n’y a pas vraiment d’écart entre le maïs conventionnel et le bio car tout a été semé sur les mêmes périodes. « Nous avons eu une grosse première vague de semis autour du 8 mai. Ce sont des parcelles qui ont été semées dans de bonnes conditions et qui aujourd’hui couvrent le rang. Elles ont eu un dernier binage la semaine passée. La deuxième vague de semis s’est échelonnée de fin mai à la mi-juin. Les semaines suivantes ont été froides ce qui a freiné le développement de la culture. Nous savons déjà que les derniers maïs semés ne rattraperont pas le retard qu’ils ont sur les premiers. Ces maïs qui ont du mal à décoller ont aussi été exposés aux ravageurs : choucas, mouches, taupins. On a eu des cas de resemis partiels de parcelles jusqu’à la semaine dernière », témoigne David Bouvier, conseiller agronomie sur l’Est des Côtes d’Armor pour la Chambre d’agriculture de Bretagne.

L’urgence est de réaliser un bilan fourrager

« Le risque de déficit fourrager est avéré », explique Maël Raulo, expert Nutrition chez Innoval. Les maïs semés fin avril-début mai semblent tirer leur épingle du jeu. Mais les surfaces importantes implantées en juin ne devraient être à maturité pour être ensilées que courant octobre. « On voit des plantes jaune pâle : est-ce dû à un excès d’humidité ou à un manque de chaleur ? Tel que c’est parti, beaucoup d’éleveurs ne feront pas la jointure. Des hectares seront sacrifiés pour être récoltés immatures pour un fourrage que les vaches ingèrent en quantité mais très peu laitier. » Pour le spécialiste, l’urgence, aujourd’hui, est de réaliser un bilan fourrager sur les exploitations.

D’autant que la saison d’herbe n’a pas été très bonne. « À cause de problèmes de portance, certaines parcelles sont restées sur pied et ont été récoltées en foin. » La protéine n’a pas été ramassée à temps : l’analyse de 250 échantillons d’ensilage d’herbe et d’enrubannage, très majoritairement collectés en Bretagne, montre un taux de MAT de 13,2 % en moyenne (de 8,5 à 15 %), rapporte l’observateur.

Pour certains, « il est déjà temps d’anticiper la pénurie de stocks » en rentrant des co-produits ou substituts de fourrage : wheat gluten feed, amyplus, drèches, pulpe de betterave… « Nous conseillons aussi de faire la chasse aux animaux improductifs en faisant partir dès que possible les animaux à l’engraissement sans chercher à les finir ou le surplus de génisses de renouvellement. »

La rédaction


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