Installé en 1997 sur une exploitation laitière bretillienne, Patrick* débute en parallèle, en 2001, un élevage de lapins. « J’avais un petit quota et je cherchais une production supplémentaire », se souvient-il. « De plus, Sanders cherchait des éleveurs à ce moment-là. » En 2022, l’éleveur arrête définitivement le lait pour se consacrer à la cuniculture. Aujourd’hui, il dispose de 450 cages mères naisseur-engraisseur, et travaille également à mi-temps comme salarié dans un élevage de porcs et volailles voisin.
Un éleveur économise en moyenne 23 % de temps de travail
Répondre aux attentes sociétales
Très vite, les réflexions autour du bien-être animal arrivent. « Je cherchais une solution qui réponde aux attentes sociétales tout en gardant mes performances zootechniques », raconte l’agriculteur. À côté du bâtiment d’élevage classique « tout plein/tout vide » composé d’une maternité et d’un engraissement, l’ancienne stabulation des génisses est alors réinvestie. Elle abrite désormais 7 enclos sur caillebotis. Chacun loge entre 280 et 310 animaux. Ce mode de logement, baptisé Cuniloft, est issu des travaux de Sanders, Mixscience, SNV et Elvilap menés depuis plus de 6 ans sur le bien-être animal. Il est conçu pour permettre aux lagomorphes « d’exprimer leur comportement naturel ».
Chaque enclos est équipé d’un sol en caillebotis spécifiquement adapté au lapin (renforcé avec de la fibre de verre), de cloisons en PVC, de terriers et de mezzanines. « Chaque lapin a 800 cm2 d’espace soit 60 % de plus que dans un clapier », précise Charly Gohier, en charge des projets recherche chez Mixscience. « On observe aussi 4,5 fois plus de déplacements dans ce type de logement. » La disposition surélevée des parcs permet quant à elle d’améliorer la circulation de l’air et de limiter les odeurs d’ammoniac. « J’ai retrouvé le contact avec mes animaux », déclare Patrick. « Quand je rentre dans les enclos, les lapins viennent me voir très rapidement ».
![4 personnes dans un élevage de lapin](https://www.paysan-breton.fr/wp-content/uploads/2024/07/20788.HR-1067x800.jpg)
Bien-être animal et humain
Le bâtiment, pensé pour le bien-être animal, est également très ergonomique. La MSA a d’ailleurs accompagné le projet afin d’optimiser les conditions de travail des éleveurs. Ainsi, toutes les manipulations des animaux se font à hauteur d’homme et le lavage est facilité grâce à la disposition des enclos et au choix des matériaux (commercialisés par I-tek). Enfin, un couloir de visite permet d’avoir une vue d’ensemble sur les lapins sans avoir à enjamber les cloisons. « Nos études ont montré qu’un éleveur économisait en moyenne 23 % de temps de travail avec le Cuniloft », note Charly Gohier.
En contrepartie, ce mode de logement requiert une technique d’élevage encore plus poussée, « notamment en maternité où il faut être au top du top », note Patrick. En effet, la plus forte concentration d’animaux peut favoriser l’apparition et la propagation de maladies. « Il faut être attentif et très réactif, mais le choix de la souche est également important. De plus, je ne mets que les plus beaux lapins dans le Cuniloft. Les autres restent dans le tunnel classique ». Sur la dernière année, l’éleveur a observé un gain de rendement de 0,5 % associé à une augmentation du poids à la vente de 90 g dans le nouveau bâtiment.
Alexis Jamet
*prénom d’emprunt
« Sécuriser l’éleveur »
Pour la réalisation de son projet, Patrick a obtenu un accompagnement financier de l’abattoir et de Sanders. « Cette aide a permis de rembourser l’entièreté de l’investissement », lance Éric Guillermic, chargé de communication chez Sanders. « Cela sécurise l’éleveur, qui peut prendre davantage de risques du point de vue sanitaire ». La viande de lapin issue du Cuniloft est également valorisée grâce au cahier des charges Nature d’Éleveur, avec une plus-value de 25 cts par kilo. « Mon prix de base est de 1,89 € », indique le cuniculteur. « En prenant en compte les primes annexes, mon dernier lot en cage a été vendu 2,41 € kg contre 2,66 €/kg pour le bâtiment bien-être ».