Se former et échanger en groupe pour faire évoluer son système

Échanger avec les agriculteurs permet aux étudiants de s’approprier le concept de l’agroécologie en lien direct avec les actions des groupes d’agriculteurs.

Agriculteur parlant à un groupe d'étudiants.jpg - Illustration Se former et échanger en groupe  pour faire évoluer son système
Pierrick Charles  a accueilli 
sur sa ferme un groupe d’étudiants en 1re année 
de BTSA Acse au lycée 
de la Ville Davy à Quessoy (22).

Un des engagements des agriculteurs s’engageant dans un groupe Dephy est de renforcer la connaissance de ce réseau et l’appropriation des résultats qu’il produit auprès du plus grand nombre d’acteurs. C’est ce rôle de communicant qu’a endossé Pierrick Charles, conjoint-collaborateur avec sa femme Véronique, à Hénon (22). « Notre souhait, c’est d’être le plus autonome possible dans la prise de décision des interventions. Cela nécessite de se former, d’échanger avec d’autres agriculteurs et de faire évoluer le système de production », témoigne Pierrick Charles le vendredi 17 mai devant un groupe d’étudiant de BTSA Acse de la Ville Davy à Quessoy.

Avec le temps, peut-être que mon regard a changé…

D’un parcellaire morcelé à 3 blocs groupés

À l’origine, le parcellaire était très mité. En 13 ans, l’exploitation a repris 12 ha, portant la SAU à 84 ha, dont 42 ha (36 ha de pâture) sont accessibles aux 65 VL après un échange parcellaire en 2007, des échanges de propriété en 2015, un aménagement foncier en 2018 et la construction d’un boviduc. Cela a permis aux éleveurs d’axer leur conduite sur l’herbe en doublant la superficie de pâturage. Le système a évolué petit à petit, le temps de tester et de s’approprier des pratiques : mélanger des variétés en blé, limiter les intrants, utiliser de faibles doses d’herbicides, acheter une bineuse et une herse étrille pour le désherbage mécanique du maïs, avant une conversion en bio en 2019. « On aurait dû y passer plus vite », regrette-t-il. La rotation a évolué de prairie/maïs/maïs/blé vers des prairies de 5-6 ans, du colza fourrager, du maïs et du méteil (féverole/triticale).

« En bio, le levier mécanique est important »

« J’avais des problèmes de lychnis, de chénopode, de graminées estivales PSD (Panic-Sétaire-Digitaire) sur maïs, dus à mon assolement maïs/maïs sur les blocs de cultures plus éloignés. Et du mouron sur jeunes prairies. Maintenant, je n’ai plus ces soucis, et peut-être que mon regard a changé… ». Il a adopté ses itinéraires techniques : la rotation, des dates de semis tardives, travail du sol et désherbage mécanique. « Je ne sème mes mélanges céréaliers féverole/triticale qu’après le 20 novembre. Car j’ai remarqué que plus on sème tôt, plus on a des adventices. »

Il gère les rumex avec des déchaumages en période sèche, avant implantation du colza fourrager. « Je fais un passage de Tiller tous les 10 à 15 j après destruction de la prairie jusqu’au semis de colza. De même entre la récolte du meteil avant le resemis de prairies et au printemps avant les semis de maïs (à partir de fin février). En bio, le levier mécanique est important. » J’effectue aussi des désherbages manuels après semis et avant récolte dans la féverole. « Pour éviter sa dissémination, je n’utilise jamais de rotovator. » Il recherche aussi des plantes agressives, couvrant le sol rapidement, en ajoutant par exemple du trèfle violet incarnat à ses mélanges prairiaux (fétuque/RGA/TB géant/TB intermédiaire/TB/TB nain, trèfle violet/pâturin). Carole David

Le partage avec les étudiants sera reconduit

Avant la visite, le groupe d’étudiants en 1re année de BTSA Acse au Lycée de la Ville Davy à Quessoy (22) a travaillé durant une matinée sur le système de l’EARL de la Braize. Ils ont reconstitué les rotations à partir de la situation de l’exploitation en 2012, puis imaginé des évolutions : un itinéraire où les phytosanitaires étaient réduits, un autre avec un passage en agriculture biologique. Dans le cadre d’un projet Casdar Tanggo (Transmettre l’agroécologie aux nouvelles générations avec les groupes), ils ont aussi réalisé des suivis de couverts d’interculture chez chaque membre du groupe Dephy. L’objectif était de mesurer les biomasses, évaluer l’efficacité et analyser la quantité d’azote piégée par les couverts mis en place. Ils ont restitué leurs travaux devant les éleveurs. Chez Pierrick, le couvert suivi était le colza fourrager implanté après destruction de prairie. « Cela a confirmé que mon couvert valorisé en dérobée est le plus concentré en azote. Une donnée que j’utilise dans mes rations en le faisant pâturer par les vaches laitières du 10 décembre au 15 février, pour apporter de l’azote soluble dans les rations hivernales. Et la fourniture d’azote dans le sol est un point intéressant à connaître pour la conduite du maïs », précise Pierrick Charles. L’opération a été enrichissante pour toutes les parties prenantes, elle sera reconduite l’année prochaine sur un autre thème.


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