La grimpe d’arbres, vecteur vers le vivant

Chez Là-haut, la grimpe d'arbres se veut sportive mais pas seulement. L’association entend faire ressentir le vivant aux jeunes. Un volet artistique se mêle généralement aux projets.

Deux jeunes filles grimpent le long d'un résineux - Illustration La grimpe d’arbres, vecteur vers le vivant
Les jeunes prennent confiance progressivement. | © Là-Haut

À l’image du vendeur de ballons du dessin animé Là-haut, les adolescents s’élèvent vers le ciel, flottent, virevoltent sous les arbres, sécurisés par leurs baudriers attachés à des cordes. Ils prennent appui sur les arbres pour réaliser des figures, des danses aériennes. Des instants légers mais aussi de concentration qu’ils partagent avec leurs copains à Bourg-des-Comptes (35).

Une approche de l’écologie vivante

« Porter le regard vers l’arbre et la forêt »

« C’est super de grimper dans les arbres, c’est un sport différent des autres. On se reconnecte à la nature », apprécient les jeunes venus (à douze) du quartier de Cleunay de Rennes. L’évènement est organisé par l’association rennaise Là-haut en collaboration avec la compagnie Vertige(s), collectif regroupant des passionnés de disciplines aériennes. À l’issue de deux jours de stage-colonie, les jeunes vont réaliser une représentation parlant de « robots souhaitant devenir des humains de la forêt », avec un fond musical et des scènes au sol et dans les arbres.

Après la 1re journée, les ajustements se font en groupe de discussion, assis au milieu des douglas et des feuillus. « On n’y arrive pas », soufflent deux amies évoluant en duo. « Utilisez tous vos appuis en danse verticale », conseille une éducatrice. Pour ceux qui font des figures plus basses, « vous pouvez toucher le sol avec vos mains. » Encouragés, écoutés sur leurs envies, les jeunes gagnent en confiance. « On va s’améliorer… » Ils ont aussi conçu des masques en utilisant des feuilles d’arbres, de l’écorce… Des bois morts permettront de délimiter les espaces « scène » et « public ».

« Nous sommes en lien toute l’année avec le collège de Cleunay proposant différentes animations, travaillant avec certains professeurs. Par exemple, nous faisons de la lecture perchée en cours de français », détaille Régis Morel, animateur pour Là-Haut. « L’été dernier, nous avons proposé aux jeunes de passer trois jours sans descendre des arbres. »

« Les jeunes vont de moins en moins en forêt, ont de moins en moins de liens avec la nature. Un de nos objectifs est de les connecter au vivant. Nous les sensibilisons aussi à l’environnement en montant des projets autour de pratiques plus respectueuses telles que les toilettes sèches ou le low tech (four solaire, marmite norvégienne, éponge recyclable…) », souligne Régis Morel.

Mettre son corps en mouvement

« Nous fonctionnons avec une approche de l’écologie vivante, via des pédagogies actives. Pour avoir envie de préserver et de se connecter à l’environnement, nous pensons qu’il est important de passer du temps dehors, en forêt, au contact des arbres… » Les participants sont obligés de mettre leur corps en mouvement. Les jeunes font ensuite des restitutions, des présentations, « cela leur donne une motivation. »

Les membres de l’association animent des groupes de jeunes urbains ou mixtes, avec des ruraux, ainsi que des classes, du CE1 au lycée, ou encore des collectifs de jeunes en situation de décrochage. « J’interviens aussi à l’IUT Carrières sociales, auprès de futurs animateurs socioulturels. »

Créée en 2019, l’association fonctionne généralement avec 3 salariés et 2 volontaires en service civique. Se greffent autour de nombreux autres acteurs tels que des éducateurs, des compagnies de danse, un compositeur… « Nous avons pu réaliser des bandes sonores à base de sons du vivant sur lesquels des slams ont été placés. » L’art comme puissant levier pédagogique.

Agnès Cussonneau

L’occasion de faire une pause en forêt

L’association Là-haut a participé à l’Appel de la forêt qui « vise à tisser des liens entre les habitants du territoire et la forêt de Rennes ». Elle propose un parcours comprenant des œuvres qui résultent de résidences artistiques participatives au cœur de la forêt. On peut y découvrir un fauteuil néo-baroque, un « écoutoir » pour s’imprégner allongé des sons de la forêt ou encore un cagna reconstitué pour regarder. Les cagnas étaient des habitations construites par les poilus, à l’arrière du front pendant les périodes de repos, avec des matériaux trouvés sur place.


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