C’est l’été. Et l’été est propice à – un peu – de prise de hauteur ou plutôt de profondeur pour ce 4e épisode qui invite à explorer les alliances souterraines fomentées par les plantes invasives pour conquérir de nouvelles terres.
Plantureuse comme une grande victorieuse sur la flore armoricaine, la renouée du Japon a depuis bien longtemps gagné toutes les circonscriptions depuis son débarquement au mitan du XIXe siècle. Cet imposteur étend sans concession ses rhizomes envahissants en formant des colonies compactes à l’image d’une armée impériale triomphante sur ses nouvelles terres. Aucun état d’âme pour déconfire les végétaux indigènes qui s’étaient fait une place au soleil breton depuis des millénaires, sinon des millions d’années. Illustration que nul n’est prophète dans son pays…
La renouée du Japon ne fait pas de quartier. Là où elle se pose, elle s’impose. Des spécialistes en écologie terrestre ont démêlé le stratagème de la renouée si prompte à prendre racine, y compris sur les terres hostiles. Verdict de la science : la renouée est douée pour dénouer les alliances. Autrement dit, la plante déstabilise l’équilibre labile qui régit la communauté locale d’organismes vivants héritée de millénaires de coévolution. Mieux, la conquérante réussit à détourner certains organismes à son profit en rompant ainsi des pactes de fidélité de mutualisme intraspécifique antédiluviens. Preuve que la nouveauté est le miel du pouvoir de séduction… Mais les scientifiques sont formels : comme en politique, la victoire n’est jamais définitive. On peut chuter de son trône même quand on est bien enraciné. Plus l’espèce est anciennement introduite plus la rétroaction du sol devient négative et moins l’invasive devient envahissante. Parole de scientifique…
Didier Le Du