Entre vie professionnelle et personnelle : Trouver un équilibre

L’enjeu du maintien et du renouvellement des éleveurs est économique mais dépend aussi de la capacité des exploitants à trouver une adéquation entre leur travail et leurs aspirations professionnelles et personnelles.

Une famille qui se tient la main devant un coucher de soleil - Illustration Entre vie professionnelle et personnelle : Trouver un équilibre
Des pistes existent pour trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. | © StockMediaProduction - stock.adobe.com

Le travail occupe une place importante en élevage. « Pour une bonne santé mentale et physique, trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle est essentiel », souligne Delphine Breton, conseillère à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Si le travail permet de dégager une rémunération, « il comporte aussi une notion de satisfaction, centrée sur des aspects qui peuvent être différents selon les personnes : troupeau, gestion de l’herbe, matériel… Il y a de nombreuses façons d’envisager le travail mais on en parle assez peu en agriculture », a commencé Annie Sigwalt, enseignante chercheuse en sociologie Esa-Inrae, lors de la table ronde de la journée viande bovine organisée par la Chambre d’agriculture le 27 juin à Vion dans la Sarthe.

Organiser, déléguer, investir…

Plusieurs facettes du métier d’éleveur

« En recherche, nous commençons à aborder ces aspects de travail en agriculture. Le métier comporte une facette exécutante, technique, mais aussi une facette concernant l’organisation, la conception autour du système de production, ou encore la stratégie d’entreprise. Aujourd’hui, la charge mentale est bien présente chez les agriculteurs, l’administratif en fait partie. Certains cessent d’ailleurs leur activité à cause de cela n’ayant pas imaginé le métier si contraignant sur cette partie administrative. »

« D’autres préfèrent la déléguer, allant jusqu’au classement des courriers, aux différentes déclarations… », ajoute Olivier Martineau, conseiller en relations humaines et travail à la Chambre d’agriculture. Chez certains agriculteurs, « leur profession se mélange aux autres aspects de leur vie : couple, famille, rencontres sociales, engagements… Il faut que les autres personnes qui partagent sa vie soient d’accord. »

Passionné par son métier, Pascal Langevin, éleveur naisseur-engraisseur en Charolaise (75 mères), est conscient que son élevage lui prend du temps sur sa vie personnelle. « Mais je n’ai pas de regret, cela ne m’a jamais contrarié », souligne ce sélectionneur qui a longtemps été président du herd-book charolais. « Même en vacances j’y pense. Mon épouse ne travaille pas sur l’exploitation mais elle m’aide, pour les naissances par exemple… » Plusieurs investissements ont été réalisés sur l’élevage pour améliorer les conditions de travail : caméra de surveillance, détecteurs de vêlage, aménagements de la stabulation…

Bienfaits des responsabilités professionnelles

L’éleveur est beaucoup impliqué dans le monde associatif et syndical. « S’investir à l’extérieur permet de s’ouvrir, d’apprendre des choses nouvelles. Cela fait partie de ma vie, j’ai besoin de voir d’autres personnes. » Le couple a organisé un lieu de vie personnelle distinct de la ferme. « Un lieu où l’on se sent bien, où l’on peut se ressourcer », précise Pascal Langevin qui aime aussi écouter de la musique et lire.

« Les agriculteurs sont la profession la plus investie dans les responsabilités professionnelles. C’est lié à la construction du monde agricole. » Et c’est positif, « permettant d’avoir d’autres projets que ceux de la ferme, pouvant aider à passer des périodes difficiles… », note Annie Sigwalt. Elle ajoute que bien souvent, ce sont les femmes qui gèrent le travail quand leur mari prend des responsabilités à l’extérieur. « Il est important que les femmes sortent aussi de l’exploitation. À l’heure actuelle, elles sont encore peu représentées. »

Rencontrer des personnes de tous horizons

Jacky Pezet, éleveur naisseur-engraisseur en Charolaise (100 mères) et aviculteur, gère avec sa femme une exploitation de 160 ha, dont 135 ha d’herbe. « C’est parfois difficile de déconnecter car nous travaillons en couple et habitons sur l’exploitation. J’ai toutefois une activité extérieure depuis très longtemps qui me permet de rencontrer des personnes de tous horizons : je joue du saxophone dans un groupe de musique. Nous donnons une vingtaine de représentations par an, le week-end. » Pour ne pas être débordé, l’éleveur a mis en place plusieurs évolutions : regroupement de parcelles, aménagement de ses bâtiments, délégation du semis des céréales et des prairies à un voisin.

Agnès Cussonneau


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