La médiation pour se sortir des difficultés relationnelles

Face à un conflit interpersonnel, le dispositif Agri Médiation est un outil permettant souvent aux personnes de retrouver la voie du dialogue et de la sérénité dans le quotidien de l’exploitation.

Deux vaches se font face, front contre front. - Illustration La médiation pour se sortir  des difficultés relationnelles
© Toma Dagorn - Paysan Breton

« Entamer une médiation ne peut pas dégrader la situation. Au contraire, il y a tout à gagner », explique Nabila Gain Nachi, animatrice du réseau Agri Médiation en Côtes d’Armor. Créé en 2013 en Morbihan, le dispositif qui compte 25 intervenants est porté par la Chambre d’agriculture Bretagne depuis 2017. « Il reste méconnu des agriculteurs et des acteurs du para-agricole souvent témoins des difficultés. Pourtant, les besoins sur le terrain sont importants. » Ces besoins renvoient à tous types de « dysfonctionnement relationnel », de conflits interpersonnels entre associés : défaut de communication, non-dits, tensions, désaccords non explicites ou non explicités, ressenti de malaise, jusqu’à des gens qui ne se parlent plus, listent Hélène Paris et Joseph Rouxel, médiateurs du réseau. « Il ne faut pas se voiler la face, une relation tendue génère toujours mal être, charge mentale, souffrance… Avant qu’il ne soit trop tard, dans 90 % des cas, Agri Médiation permet de se rassurer, de réenclencher la discussion, de retrouver de la sérénité… L’outil est là pour améliorer le dialogue entre deux personnes ou plus. »

une relation tendue génère de la souffrance

Des médiateurs neutres

Les intervenants ont été formés à « l’écoute active » et sont signataires d’une charte de déontologie qui garantit discrétion, confidentialité et neutralité de leur position. Ils interviennent à deux, si possible une femme et un homme pour apporter des visions complémentaires. « Et comme l’exercice remue généralement beaucoup d’émotions, nous ne sommes pas trop de deux pour mener la médiation », confie Hélène Paris. Autre règle importante : « Nous n’allons jamais chez des gens que nous connaissons. Nous ne savons rien de l’entreprise, de ses résultats. Nous venons pour une écoute à 360 degrés de ce que les gens disent et transmettent aussi par la communication non verbale », précise Joseph Rouxel, agriculteur retraité. « De même, nous n’entrons jamais en contact avec les personnes concernées entre deux rendez-vous collectif ou individuel programmés dans le cadre de la démarche. »

Les médiés décident

Pour démarrer, tous les « médiés » doivent être partants et signent un engagement. « Le parcours démarre par des entretiens individuels dans un lieu neutre à la ferme ou ailleurs. Nous écoutons. Parfois nous reformulons un peu pour être sûrs d’avoir bien saisi les ressentis, les attentes, les faits… » Ensuite, lors d’une rencontre collective, le médiateur présente ce qu’il a compris avant de lancer une discussion. « Généralement, nous sommes face à des situations où tout le monde souffre. Mais où on n’en prend pas toujours conscience pour l’autre », note Hélène Paris. « Mais petit à petit, nous amenons les gens à trouver les solutions, leurs solutions. On est dans la médiation, pas dans la négociation, ni même le conseil. » Parfois, un œil extérieur peut intervenir : comptable, juriste, conjoints… « Mais ce sont toujours les médiés qui prennent les décisions. »

Toma Dagorn

Une prestation rapide et peu coûteuse

« Un éleveur désire investir car son fils est candidat à la reprise quand son associé sans héritier ne veut pas. Les jeunes veulent passer en bio contrairement aux anciens. Sans règlement intérieur, l’entrée d’un associé n’a pas été bien co-construite. L’engagement de l’un dans le travail n’est pas ressenti comme égal ou équitable par l’autre… » Des divergences de vision ou d’objectif peuvent faire naître des conflits intergénérationnels, entre tiers, parents et enfants, frère et sœur, conjoints… « La médiation aide à mettre des mots sur les émotions. » Tout le monde doit être écouté. « Surtout, nous cherchons à ne pas se laisser influencer par celui ou celle qui parle le plus ou le plus fort par exemple. » En fonction de la complexité, une médiation s’articule autour de 3 à 5 rendez-vous. « Des gens se disent parfois des choses pour la première fois. D’autres peuvent décider de ne plus travailler ensemble, mais au moins les liens familiaux sont sauvés. » Souvent, des solutions sont trouvées : réorganisation, innovation, vacances… Pour les intervenants, une médiation est rapide à mener et peu coûteuse (1 500 à 2 000 €) pour repartir sur de bons rails.Agri Médiation : 02 23 48 27 11.


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