Dossier technique

Moins de lait, mais aussi moins de travail

Afin de réduire l’astreinte estivale, Yannick Joubrel et Régis Blot passent en monotraite de juin à août depuis 4 ans. La baisse de production est compensée par le bien-être des éleveurs et des bovins.

éleveurs devant prairies avec des vaches - Illustration Moins de lait, mais aussi moins de travail
Régis Blot 
et Yannick Joubrel | © Paysan Breton

Au Gaec du Landier, Yannick Joubrel et Régis Blot élèvent 75 vaches laitières (croisement 3 voies Prim’ Holstein, Brune des Alpes et Normande). Le troupeau a produit 430 000 litres de lait pendant la dernière campagne. La SAU de 123 ha est majoritairement composée d’herbe (82 ha). « Nous cultivons également du maïs, du blé meunier, de l’orge brassicole, du sarrasin et un mélange triticale et féverole », déclarent les éleveurs. La ferme est en bio depuis 2017.

Il y a environ 8 ans, Yannick Joubrel pensait déjà à réduire le temps de travail et l’astreinte sur l’exploitation. « Il y avait deux options possibles », raconte le Bretillien. « Soit nous investissions dans un robot, soit nous passions en monotraite. Mais je n’aimais pas l’idée d’être dérangé à toute heure par les alarmes sur mon téléphone. » Pendant quelques années cependant, la question est restée en suspens.

Cela correspond bien aux vêlages groupés

Grouper les vêlages

En 2020, les deux associés décident de grouper les vêlages à l’automne afin de faciliter l’organisation du travail. Depuis, toutes les génisses naissent entre septembre et octobre. « Désormais, il n’y a plus que deux séries de veaux à gérer. » En parallèle, depuis 2021, le troupeau passe en monotraite tous les étés de juin à août. « Cela correspond bien aux vêlages groupés et au calendrier de la pousse de l’herbe », témoignent les associés. « C’est également moins de travail pendant les jours les plus chauds de l’année et cela nous permet de gagner en tranquillité. » De plus, cette organisation octroie aux éleveurs une semaine de congés supplémentaire en été. Les agriculteurs prennent donc 3 semaines de vacances en été, une semaine pendant l’hiver et une autre au printemps.

La reprise est difficile

Le passage en monotraite pendant 3 mois engendre une diminution de la production laitière de 20 000 litres. Néanmoins, cette baisse est contrebalancée par un gain en taux d’environ 2 %. « Nous avons estimé que cela correspondait à une perte économique de 3 à 4 000 euros nets, ce qui n’est pas cher payé compte tenu de l’amélioration des conditions de travail. » Cependant, depuis 2021, les deux associés ont observé que les vaches « ont du mal à comprendre la reprise de la double traite ». En effet, certaines ne remontent pas en lait. Alors, à la fin de l’été 2024, Yannick Joubrel et Régis Blot envisagent de rester en monotraite de façon permanente.

vaches en train de pâturer
Le passage en monotraite demande moins de concentrés.

Changer le système

La monotraite toute l’année engendrerait un changement de système. Le maïs serait arrêté progressivement, remplacé quelque temps par des céréales. À terme, l’exploitation pourrait passer en 100 % herbe pour l’alimentation des animaux. Les céréales à destination de l’alimentation humaine auront toujours leur place dans l’assolement. « Notre salaire horaire sera équivalent car nous ferons moins d’heures », estiment les associés. « De toute façon, quand on veut vraiment quelque chose, à savoir moins travailler jusqu’à la fin de notre carrière, on regarde moins les chiffres. Il faut penser à son bien-être et à celui des animaux. Nous sommes des paysans, plus des exploitants agricoles. »

Alexis Jamet

Ombrager les parcelles

En 2023, Yannick Joubrel et Régis Blot ont décidé de planter 7 ha en agroforesterie avec l’accompagnement d’Agrobio 35 et 1,5 km de haies en bordure de parcelles grâce au programme Breizh bocage et au bassin de l’Oust. Plusieurs essences de haut jet ont été choisies : chêne pédonculé, chêne sessile, cormier, poirier sauvage ou encore pommier. « L’objectif principal est de prodiguer de l’ombre aux génisses pendant le pâturage », expliquent les éleveurs. Les arbres ont été placés sur des rangées distantes de 20 à 29 m pour faciliter les passages des outils. Certains font déjà 2 m de haut et leur ombre devrait être significative dans environ 5 ou 6 ans.


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