L’objectif de la plateforme d’essai semée de haricots de Crédin (56) est d’observer différentes stratégies de désherbage de la culture. Que ce soit en pré puis post-levée, en utilisant des outils mécaniques en partie ou en totalité, l’objectif est « de réduire les dosages de produits phytosanitaires, mais en gardant une qualité de production cohérente pour ne pas aller dans le mur », introduit Bruno d’Hautefeuille, président de l’Uopli.
Difficile d’expliquer les phytotoxicités
Avant de regarder les différents essais, Pierre Le Floch, technicien pour l’Unilet, revient sur les problèmes de phytotoxicité rencontrés cette année lors d’application de clomazone et de pendiméthaline, qui ont pu parfois engendrer « de gros dégâts, avec des pertes de plantes. Nous essayons de comprendre ce qui s’est passé. Dans certains cas, sur des parcelles semées à 2 jours d’intervalle, des champs ont dû être retournés… ou non. Nous allons passer d’une dose d’application de 1,2 à 0,8 L par hectare ». Les symptômes de cette phytotoxicité se sont présentés sous la forme de brûlures importantes sur le feuillage. Des végétaux lents à s’implanter peuvent expliquer le phénomène, la parcelle d’essai « a mis 12 jours à lever, c’est 4 jours de trop ». Ce temps long de levée provient d’un manque de chaleur mais aussi par une profondeur de semis plus importante, nécessaire pour pouvoir passer des outils mécaniques de désherbage.
Beaucoup de repousses de colza
Le champ d’essai a été implanté le 7 juin avec la variété Novalina WAV 15 D, avec en précédent un blé. L’anté-précédent, un colza, a laissé des traces, « il y a eu beaucoup de repousses, on pouvait repérer les andains », fait remarquer Céline Bruzeau, conseillère à la Chambre d’agriculture. Les 11 modalités ont été comparées à la pratique habituelle des producteurs, à savoir le recours au S-métolachlore en prélevée, pratique qui s’arrête suite à l’interdiction de la molécule. Dans l’ensemble, les placettes sont propres, et présentent un coût évoluant de 148 € par hectare (utilisation du système On’Row et de la pulvérisation localisée de l’Ecorobotix) à 358 €/ha (pulvérisation par Ecorobotix du produit de biocontrôle Beloukha à 16 L/ha). Pour la modalité 100 % mécanique, comprenant des passages de herse étrille et du binage, le résultat « est acceptable, même s’il y a plus de salissement. Il aurait fallu avoir recours à des faux semis, mais les conditions météo de l’année n’ont pas permis de les réaliser ». En revanche, cet itinéraire 100 % mécanique a réglé le problème des repousses de colza.
Fanch Paranthoën
La bonne orientation de la buse
David Meallet, chef de culture à la station de Kerguéhennec explique le fonctionnement de l’outil de pulvérisation localisée On’Row, développé par Syngenta et monté sur un semoir. « Au lieu d’avoir une buse qui projette à 90 °, elle est orientée à 80 ° pour travailler en biais. La dose est ainsi homogène sur le rang et sur une largeur de 25 cm ». Ce procédé permet de pulvériser une solution de prélevée en même temps que le chantier de semis, tout en divisant par 2 la surface couverte par le produit en comparaison à un traitement en plein. Ces buses à 80 ° sont aussi homologuées pour respecter les ZNT (zone de non-traitement). Le coût du système peut varier, « c’est ici de l’auto-construction. Si on le pose soi-même, ce n’est pas un gros investissement ». Aussi, On’Row peut être monté sur une bineuse.