Dossier technique

Cap sur la production caprine

À la ferme de la Chevrie, à L’Hermitage (35), les chèvres ont remplacé les bovins allaitants depuis 3 ans dans la stabulation réaménagée.

Chevres alpines dans une chevrerie - Illustration Cap sur la production caprine
Un filet prévu sur le pignon à l’est n’a jamais été installé, au vu des bonnes conditions d’ambiance dans la chèvrerie. Au centre, l’alimentation est distribuée sur un tapis. | © Paysan Breton

Découragé par son entourage de se diriger vers l’agriculture durant son parcours de formation, Yoann Bodiguel y est pourtant finalement arrivé, en s’installant en 2021. Entre deux, il a emmagasiné un BTS de maintenance industrielle qu’il a enrichi d’un BTS agricole pour approfondir ses connaissances lors de stages, et d’une expérience professionnelle de 2-3 ans au Contrôle laitier. Le lait l’a toujours attiré. Restait à choisir entre vache et chèvre. C’est finalement une visite en exploitation caprine qui donnera le dernier mot, le charme du petit ruminant ayant opéré.

« Se détacher de sa maison »

Originaire de la région de Guipry, c’est dans ce secteur qu’il a dans un premier temps voulu s’installer, proche de sa maison. Mais son premier choix n’a pas abouti devant les enchères d’un nombre conséquent de candidats. « On m’a conseillé de me détacher de sa maison, pour qu’il y ait plus de portes et d’opportunités qui s’ouvrent », explique Yoann Bodiguel, lors d’une porte ouverte organisée par Agrobio 35. Et c’est ce qu’il a fait. Pour du coup, avec un projet en tête plus mature, des devis déjà en poche, il s’est rapproché d’un cédant à l’Hermitage, prêt à installer un jeune et ouvert à d’autres perspectives que la vache allaitante présente sur le site. « La transmission était très claire pour le cédant dès la première visite, avec un montant de la vente déjà défini. Il a accepté de vendre ses animaux avant que nous arrivions. Par simplicité – notre objectif étant de mettre en place un système simple et cohérent –, nous souhaitions nous concentrer sur une seule production : du lait de chèvre bio livré à la laiterie Olga à Noyal-sur-Vilaine (35). Il ne nous restait donc plus qu’à acheminer les chevrettes issues de 3 élevages uniquement pour limiter les risques sanitaires, entamer la conversion en agriculture biologique et à réaménager les bâtiments d’une capacité de 220 chèvres pour 1,5 UTH. Avec une date-clé butoir : une salle de traite devait être finie avant la mi-mars de l’année suivante. »

S’adapter selon les contraintes des bâtiments existants

Une table d’alimentation de 5 mètres n’étant pas possible, la stabulation de 12 m de large a imposé d’installer un tapis d’alimentation Albouy de 37 m de long (26 000 €), pour optimiser la zone paillée, permettant ainsi de conserver un espace de 1,8 m2/chèvre. De la maçonnerie (14 000 €) a permis de reprendre la profondeur de la zone paillée par rapport à la table d’alimentation. Une jonction a été créée avec un bâtiment adjacent et la nurserie permettant le stockage des fourrages et concentrés pour la journée, à proximité du tapis d’affouragement. Deux repas sont distribués par jour, les concentrés sont répartis manuellement sur le tapis, après le fourrage, alors que les animaux sont bloqués au cornadis.

Une reproduction calée sur la pousse de l’herbe

Côté reproduction, les mises bas ont lieu à la mi-mars. « Nous souhaitions des mises bas le plus groupées possible. Nous avons une grosse charge de travail à cette période, mais cela permet d’avoir un lot de 50 à 60 chevrettes de renouvellement homogène. Si nous disposons de bonnes terres, la portance peut être limitée en début d’hiver. À la mi-mars, avec un cycle calé sur la pousse de l’herbe, dès qu’un lot d’une centaine de chèvres a mis bas, elles peuvent sortir. L’herbe est au centre de notre système, avec 19 ha accessibles sur les 45 ha du parcellaire. » Le pâturage est complémenté à hauteur de 700 – 800 g/chèvre/jour avec du méteil grain (féverole, triticale, épeautre et pois implantés sur 5,5 à 8 ha) et du maïs épi déshydraté (sur la même surface). Un petit apport de correcteur azoté permet d’équilibrer la ration et de viser les 800 – 900 L/an/chèvre.

Le bloc traite, un outil du quotidien à ne pas négliger

Le bloc traite a représenté le plus gros investissement : 65 000 € pour 9 postes par quai, accueillant chacun 18 chèvres, avec décrochage automatique. À cela, il faut rajouter 60 000 € de charpente et de couverture et 35 000 € de maçonnerie du nouveau bâtiment. « C’est un outil du quotidien à ne pas négliger. On y passe du temps : plus de 3 heures par jour… Et à chaque visite d’exploitation, on me disait que la laiterie était trop petite. J’ai donc vu assez grand ! » L’espace libre dans la laiterie pourra à terme être utilisé pour un éventuel agrandissement, l’accueil des classes pédagogiques ou pourquoi pas un petit atelier de transformation…

Carole David

Une 2e installation au bout de 4 ans

Anne-Sophie Cocheril, sa compagne, actuellement infirmière l’aide ponctuellement sur l’élevage. « Infirmière et fermière, cela fait beaucoup… » Aussi, elle envisage de s’installer à temps plein en 2025, sur l’élevage principalement et avec une petite activité d’accueil de jeunes publics ou en situation de handicap, « pour garder un lien avec son expérience professionnelle ». Non issue du milieu agricole, elle a passé en 2023 un BPREA à Combourg (35).

Élevage des chevrettes au lait de vache durant 2 mois

Les boucs proviennent d’exploitations pratiquant l’insémination artificielle. 60 chevrettes sont élevées pour l’autorenouvellement chaque année. Pour se prémunir du Caev, les chevreaux femelles reçoivent du lait colostral thermisé, par sonde, puis elles sont ensuite élevées durant 2 mois au lait de vache, distribué à la gouttière. « C’est une contrainte. Sans frigo, on doit aller se fournir chez un voisin tous les 2 jours, mais cela fonctionne bien depuis 2 ans. L’objectif visé est atteint, avec un poids de 16 à 18 kg à 2 mois », indiquent les deux jeunes éleveurs.


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