Changer de système pour changer de vie

Il y a 10 ans, Françoise et Julien Pichouron se sont installés comme producteurs de lait. Rapidement, suite à des problèmes de santé, ils ont entamé une grande transition vers un système plein air tout herbe en vêlages groupés.

Un couple de producteurs de lait bretons dans une prairie - Illustration Changer de système pour changer de vie
Julien et Françoise Pichouron.

« J’expliquais à mes enfants qu’il était important d’aller au bout de ses rêves. Or j’ai toujours eu dans un coin de la tête le désir de m’installer. Il était temps que je le fasse », raconte Julien Pichouron. « Au départ, c’était un projet seul. Mais, de fil en aiguille, nous avons eu envie de nous lancer en couple. Nous sommes naturellement très complémentaires. » Après avoir bâti leur vie de famille (3 enfants) et vécu une carrière de 10 ans dans le BTP pour l’un et comme auxiliaire de vie pour l’autre, à l’aube de la trentaine, Françoise et Julien sont entrés dans le monde de l’élevage en 2014. « Nous étions prêts à déménager en Centre-Bretagne pour s’installer. » Finalement, ils ont trouvé « la ferme idéale » à reprendre après tiers à Loguivy-Plougras, à 1 km de leur maison.

Tous les jours, à table avec les enfants.

Des problèmes de dos handicapants

« Au départ, nous avons opté pour un système productif breton classique avec du maïs, des céréales et de l’aliment distribué… » Mais au bout de deux ans, Françoise a commencé à souffrir de problèmes de dos, principalement en lien avec l’astreinte de la traite. Sur cette période, le recours au salariat de remplacement s’est avéré couteux. En partenariat avec la MSA, le couple a travaillé sur des aménagements de poste. « Pour autant, l’activité restait physique. Comment envisagez une carrière avec de telles difficultés si tôt ? Nous avons entamé une remise en question d’ampleur. » En se renseignant sur différentes options, les Costarmoricains ont découvert auprès d’éleveurs engagés en système herbager une approche porteuse de réponses à leurs problèmes. Séduits, Françoise et Julien Pichouron sont rapidement partis vers davantage de surfaces en prairie et adopté la monotraite tout en entamant une conversion à l’agriculture biologique. « Depuis 3 ans, plus un seul mètre carré n’est retourné sur notre ferme, les 125 ha de SAU sont en tout herbe, soit 80 ares accessibles par vache », précisent-ils. Ils ont également travaillé sur la saisonnalité de l’activité en optant pour des vêlages groupés de printemps. « Cela permet de fermer désormais la salle de traite de mi-novembre à mi-février. C’est-à-dire l’hiver, tout le monde le sait, période la plus critique pour les personnes présentant des douleurs de type articulaire. »

Temps de travail divisé par deux

Le changement de système a été un bouleversement technique, économique, humain… notent les associés. Dans le troupeau historique de Montbéliardes, des Jersiaise et croisées Jersiaises ont été accueillies pour ramener des taux et conduire des gabarits plus légers moins impactants pour les sols lors du pâturage hivernal dans cette conduite en plein air intégral. En 2017, leur année record en production, le Gaec avait livré 655 000 L de lait. Aujourd’hui, selon les campagnes, c’est entre 200 000 et 240 000 L (88 laitières, 2 700 L vendus / VL). « En gros, nous avons divisé par trois le volume et par deux le temps de travail. Mais multiplié par trois la marge laitière », résume Julien Pichouron. Dans leur système autonome, les éleveurs soulignent la réduction drastique des charges : « Nous ne vivons plus le flux continu de factures qui mettait la pression. Nous ne sommes plus impactés par les aléas des marchés de la semence, de l’aliment, des engrais, des carburants… Au final, nous avons une meilleure gestion de la trésorerie et du revenu. » Comme repère, le couple avance un coût alimentaire de 30 € / 1000 L et un ratio marge brute / produit d’activité de 87 %. « Ramené en revenu par heure travaillée, notre activité est aujourd’hui correctement rémunérée. »

Plus facile de se faire remplacer

Enfin, l’évolution de l’élevage a eu un impact très positif sur la vie de famille. « C’est le plus gros changement. On en profite. Tous les jours, nous sommes tous autour de la table pour les repas », insiste Julien Pichouron. « À l’époque, en période de gros chantiers, les journées étaient tellement longues qu’ils nous arrivaient d’à peine voir les enfants pendant deux ou trois jours. » Désormais, leur système « très simple » facilite les remplacements permettant ainsi de prendre des vacances. « Avant, nous n’avions jamais de répit. »

Toma Dagorn

Ateliers et visite de ferme

Mardi 24 septembre, le Cédapa organise une porte ouverte chez Julien et Françoise Pichouron. En continu de 13 h 30 à 17 h, rendez-vous au 2, parc Ar Land à Loguivy-Plougras (fléchage depuis le bourg et la RN 12). Au programme : visite de ferme et tour d’herbe avec différents ateliers comme « Évoluer vers un système herbager » (témoignage des associés, étapes de la transition, gestion de l’herbe, résultats technico-économiques), « Un système vêlage groupé de printemps – monotraite pour une qualité de vie retrouvée » (organisation de l’année, zoom sur le travail) ou « Intérêt du groupe Ecophyto ». Contact : Maxime Lequest au 07 64 44 45 06

Le Gaec Pichouron en podcast


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